Les maisons communes de mars ne vont pas désemplir. Depuis plusieurs mois, les pèlerins et de bons apôtres se pressent autour des frondaisons avec des tracts et des affiches, pour faire des dévotions et admirer la tête de la dame qui reste souvent de marbre ou raide comme le plâtre peint.
Ils viennent admirer cette belle allégorique verser des larmes de liberté, d'égalité, de fraternité.
Ce n'est pas une personne, certes, mais une icône, offerte aux propriétaires provisoires des lieux par un peuple en révolte.
«Cela a commencé le vendredi précédant le Carême, le 12 février», affirment ses amants temporels. Depuis, chaque matin, des petits filets de papiers gras de « votez pour moi » suintent du visage de la belle.
En plus des curieux, le spectacle aurait même attiré des édiles importants dont l'orthodoxie républicaine n'est plus à faire mais qui ne priaient que pour leur chapelle. Ils sont venus sur les places de marché et les foires à bestiaux faire accélérer le processus.
Du miracle en veux-tu en voilà.
Certains maîtres de maison vont même plus loin, niveau miracle : «Des homme et des femmes sont venus à la mi-février en expliquant qu'ils ne parvenaient pas à avoir de majorité. Ils ont pris un bulletin de vote qu'ils ont placé sur leur ventre. Il y a deux jours, ils m'ont rappelé pour me dire que l'imposition avait été efficace, que d'après leurs économistes, on pourrait compter sur la reprise et que nos enfants auraient de nouveau du travail ». « Ils m'ont dit que leurs coiffeurs nous raseraient désormais gratis.». La salle où trône la dame n'est pas près de retrouver le calme de si tôt.
Et vous, qu'en pensez-vous? Miracle ou supercherie? Donnez-nous votre avis aux heures d'ouverture dimanche.
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Ø Marianne, sculpture en carbone/carbone de Servant Ermes
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