Novelli à Eylau
C'était le 22 février, à trois semaines de l'élection régionale. Il avait préparé ses scuds et lançait un appel pour la mère des batailles. Il avait préféré se cacher sous la dalle de béton de la gare de Montparnasse TGV, qui était bien pratique en cas d'attaque par arme nucléaire.
Tranquille, il débite. Puis il déraille ; il ne l'a pas fait exprès : à la fin de la courte vidéo, à 1'30, il dit « Bataille » ... puis ajoute : « frontale ».
C'était bien le mot dit, « frontale ».
Dans « frontale », il y a « Front » ; ça lui a échappé. Il voulait oublier mais ne le pouvait pas. Le Front était toujours là, à le tarauder. Le subconscient. Le sur-moi.
Il veut la guerre. C'est une évidence. Il ne parle pas de lampe frontale, non, ni d'un lifting frontal. Non. Il emploie des mots de guerre. Eylau est là.
Il évoque une bataille qu'il mènera de Front, une opération limitée pour bousculer ses ennemis, briser leurs rangs. A peine s'il ne menace pas de faire des prisonniers et s'emparer du butin, qui serait le Conseil Régional.
Il survole Jemappes qui n'était pas une bataille stratégique ni même tactique, mais une bataille frontale avec un coût maximal en vies humaines.
Il y a chez ce Novelli comme du Clausewitz qui se rongerait les sangs dans sa préférence absolue pour une bataille décisive par choc frontal.
Est-elle bien sérieuse, cette recherche obsessionnelle de la bataille frontale ?
Toujours dans la tête cette vieille conception foucaldienne de la « bataille perpétuelle » ?
Ou alors, ce serait une revanche à prendre sur qui ? Sur Saladin et ses forces musulmanes qui ont piégé les francs à Hattin ?
Et t'en fais quoi, Hervé, du défilé des Thermopyles ? A Léonidas, Léonidas et demi !
Que de questions ! Nous aurions presque peur, dans nos retranchements enterrés, sous les ceps de cabernet.
---
Ça, c'était il y a trois semaines. Depuis les deux sondages qui lui prévoient une praline, Hervé s'est mouché et a rangé ses soldats de plombs.
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire