lundi 4 octobre 2010

> le moment du ciseau




Tout le monde le voit: le mensonge a été érigé en mode de gouvernance depuis 2007, et la fonction d'un Président de la République a été redéfinie façon représentant de commerce en citoyens pas chers.
L'autre jour, à propos des 35h et des RTT qu'il passait au lance-flamme, on a pu entendre Nicolas Sarkozy assurer le désormais rituel numéro de dénigrement de ce qui avait été fait avant lui. Son auditoire de nantis en ricanait d'aise. Il jouait le bravache, encore et toujours en représentation. Caricature de lui-même il était dans le rôle qu'on lui avait assigné.






Il est prévisible, le président du patronat et de la finance: il dit que non, jamais il ne changera rien dans ce qu'il a décidé de faire. Qu'il est légitime et sans contrôle possible.

Il passe son temps à le marteler.



Pour ses amis jouisseurs de l'immédiat qui le lui demandent, il compte faire de nos vies des machines à plus-value. Dans l'acceptation et le silence. Ceux qui parlent ont la parole coupée et sont condamnés à regarder passer les cars de CRS allant cogner des infirmières. On nous propose une vie ou un casier judiciaire.



Goguenard, l'oeil sur le CAC40, en costume de soirée, le pouvoir économique attend que s'étiole la grève des clowns, et que les marcheurs retournent casser les pierres au bord de la route réservée aux limousines de leurs serviteurs politiques. Les commanditaires ont décidé et réparti les rôles. C'est ainsi, ça ne peut pas être autrement, tout le monde est à la même enseigne: pour jouir avec eux, il faut des tickets dont ils possèdent les imprimantes.



Ils pensent que l'Histoire s'oublie et se manipule, que la vie n'est qu'un supermarché. Les seuls voyages permis aux citoyens ordinaires variables de gestion sont les trajets domicile- travail ou domicile-Pôle Emploi, avec des correspondances qui ne feront jamais sortir les condamnés du sous-sol de leur cabane à lapins. Sauf le dernier jour d'une retraite impossible à vivre, au terme de laquelle seraient tolérées la pompe et la splendeur des enterrements de première classe.



Depuis 2007, ils ont décidé que la société n'existe plus, que les syndicats n'auraient de sens que pour canaliser les mécontentements. Que l'argent serait à tout prix aux premières loges d'un retournement durable des valeurs morales et des « rapports sociaux ».



Ils martèlent qu'ils ne lâcheront rien. C'est leur façon de montrer qu'ils veulent en découdre. Ils ne jouent pas avec le feu, il le veulent, sûrs de leur impunité.

Ils ont décidé que quelqu'un perdra durablement. Et que ce serait nous.


Le temps est donc à l'orage et l'humour vole bas : ces pieds nickelés viennent de réactiver le concept d'une vieille endormie, la lutte des classes.



Il faudra donc trouver, réinventer de nouvelles façons de survivre dans la maison commune. On sait qui se goinfre. On cache qui se meurt. On nous impose une petite vie, à prendre ou à laisser. A marcher, on tourne en rond.



Un jour, tirées du lit des petits renoncements, des multitudes affamées de justice nées des violences voulues dans les palais risquent bien de les bousculer. Alors, les locataires crieront à l'horrible et s'étonneront de passer du sourire aux larmes.



Ils veulent le silence ? Dans la soudaineté des gestes et des rages libérées, ils trouveront dans leur champ ce qu'ils avaient semé. Et les lames du ciseau.




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