Sur la question des retraites, les réunions entre le gouvernement et les syndicats commencent le 12 avril. Ce serait un chantier délicat, qui serait nécessairement douloureux et devrait imposer des sacrifices aux salariés du public comme du privé.
La mise en scène se fait trois semaines après que les français aient sanctionné la politique économique et sociale du gouvernement, lequel finasse en disant que la sanction ne vient pas de mauvaises réformes mais parce que la crise aura empêché les électeurs de voir qu'elles étaient bonnes. Nuance.
Xavier Darcos, avant son licenciement sans préavis du ministère du travail, avait promis d'assurer une réforme des retraites en deux mois chrono. La réalité et Sarkozy ont remonté les pendules et le temps.
Aujourd'hui, le Président de la République aurait, en la personne d'Eric Woerth, embauché un «pompier de service» sur une réforme lourde promise pour ce quinquennat. Le nouveau ministre du travail serait l'homme d'une «réforme apaisée». Il travaillerait avec Fillon, «expert en retraites».
Nicolas Sarkozy, lui, s'est engagé sur un bouclage en «6 mois», étant entendu que, retourné à ses «fondamentaux» après les régionales de mars, il a dit «Nous ne changerons pas de politique économique».
Cette affirmation est importante pour les débats à venir, puisqu'elle en conditionne le sens: c'est dans l'optique d'un système économique et financier inchangés que l'on demande à réfléchir à des changements... Il ne faut pas être grand spécialiste pour en conclure que si l'économie et le financier ne sont pas touchés, par conséquence les salariés le seront. Les futurs retraités, donc.
Le MEDEF s'impatiente. «Attention !», disait Laurence Parisot en 2007, «A un horizon très proche, dès 2015, le nombre d’actifs en France va diminuer. Et donc, on ne pourra plus satisfaire ceux qui partent à la retraite à la hauteur de leurs espérance.». Elle ne manquait déjà pas d'humour, oubliant de préciser que bon nombre de salariés aimeraient travailler jusqu'à l'âge de la retraite et non être licenciés «économique», mis à la charge de la collectivité pour accroitre les profits de ses mandants.
En face, «l'état des lieux» n'est pas des plus brillants. La division syndicale est palpable, et l'on aurait bien aimé connaître les réelles divergences et les vraies positions communes, avant que l'on entende que untel ou untel négocia dans un couloir avec une imminence grise.
Nous attendons d'ailleurs avec impatience de savoir ce que se diront les partis politiques, - particulièrement le PS - et les confédérations syndicales dans leurs rencontre préliminaires d'avril, puisqu'à lire Martine Aubry, elle «entretient des contacts réguliers avec les dirigeants syndicaux» et qu'elle «entamera début avril des rencontres officielles avec les confédérations».
Et puis, nous aurions pu imaginer que se rencontreraient les partis de la gauche afin qu'un pot commun soit mis au jour sur les retraites. Mais non, Benoit Hamon a refusé le 15 février le principe d'une discussion commune. Comme quoi, l'idée de jouer «perso» n'a pas quitté les esprits.
Mais alors, au moins, quelles sont les positions des partis de gauche sur les retraites ? Y a t'il quelqu'un, début avril 2010 qui soit capable de nous faire un «tableau comparatif» ?
C'est mission impossible, pour la bonne raison que les partis en Vème République se musèlent, qu'ils en sont à «attendre ce que l'autre dira» pour inventer leur position en opposition, selon qu'ils sont aux manettes ou non, et selon les perspectives qu'ils entrevoient pour le futur, pour ménager leurs aisances. Ainsi, dans le silence, se nourrissent les inquiétudes et les mécontentements, qui sont le picotin des partis institutionnels d'aujourd'hui.
Prenons le Parti Socialiste. Quelle est sa position officielle sur les retraites après qu'il en ait pris une «à l'unanimité» le 26 janvier, alors que le 31 mars Cambadélis, Hollande, et Valls pensent autrement, jusqu'à pour ce dernier, proposer un «pacte national» avec la majorité gouvernementale de droite ?
A la messe du 1er mai, les apôtres organiques ne donneront que dans l'incantation, puisque le préalable à une discussion sur la « réforme des retraites» ne sera pas construit. On peut toujours attendre des rapports du COR, voir les partenaires sociaux discutailler sur les détails, mais la vraie décision repose sur des choix politiques lourds, sur «l'architecture du système de retraite, aux objectifs que l’on souhaite atteindre en priorité (pérennité financière, équité entre les générations et degré de redistribution), enfin au calendrier et au mode de transition pour passer d’un système à l’autre».
En bref, c'est oui ou non les partis politiques s'attaquent au système financier ou pas. Comme personne n'est propriétaire des idées en politique, il faudrait bien qu'elles fusent vite. Avec des mots. Sauf si bien sûr ils sont déposés à l'Institut National de la Propriété Industrielle.
Et alors, le soleil se lèverait sur des champs de blé mûr... Martine viendrait voir vivre «nos retraités...vivre pleinement, avec une retraite décente... dans une société plus juste, plus douce et plus forte.».
Elle a prononcé le mot «juste» ? Oh, ça va lui coûter bonbon, c'est interdit ! Comme la «taxe carbone».
Sinon, il paraît que «l'assurance vie est le meilleur placement retraite», et que l’Église lance la «retraite spirituelle" pour les jeunes.
C'est toujours ça
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