Il fallait s'en douter. C'était obligatoirement un complot.
Rachida assure que "Nicolas Sarkozy ne peut pas cautionner les propos de Pierre Charon". Mais le coup est parti. Allez arrêter une balle. Un coup je pars, un coup j'arrive et le coup suivant, je troue.
Rachida nous le dit sincèrement, les yeux dans les yeux «Moi, je fais la différence entre l'entourage du président de la République et le président de la République lui-même». Il faut la croire sur parole, elle sait de quoi est parle; elle n'a jamais été intrigante ni comploteuse.
On s'en doutait un peu, il y a des comploteurs dans l'entourage du président. On n'est plus dans le jeu du c'est c'ui qui dit qui y'est. Il y va de la République.
Nous sourions pas trop. L'affaire est sérieuse, puisque ce serait Brice Hortefeux qui aurait le premier diagnostiqué l'horreur, selon le Canard Enchainé. Je tremble à l'hypothèse que le Canard raconte n'importe quoi et que je le relaie, ce qui serait un début de complot.
L'horreur provient de l'étranger, en plus, pas de notre France identitaire: les Anglais, les Allemands et les Suisses. Que les suisses complotent pourrait donner à rire, sauf à vouloir comploter pour nous prendre des parts de marché sur le chocolat. Mais la Grande Bretagne et l'Allemagne, c'est une autre paire d'outre Manche et d'outre Rhin. L'information est à prendre au sérieux, puisqu'elle vient du ministre de l'intérieur de la France.
Et puis, il y a Pierre Charon.
Je ne sais pas s'il est chasseur aux chasses présidentielles avec Charrasse, mais il dégaine vite. Il a le doigt pointeur et la gâchette facile.
Il frappe juste et fort, n'en déplaise aux intellectuels qui voient par analyse le mal partout, comme si cette actualité n'était mise en pâture que pour «détourner l'attention». Je suis d'accord avec Pierre Charon: il y a bien un «complot avec des mouvements financiers". Il est bien placé pour le savoir, puisqu'il est conseiller du Président Sarkozy. Je ne vois pas quel intérêt aurait Charon à dire n'importe quoi et que le Président le laisse dire.
Pascal Froissart, critiqueur de profession, analyse plus vite que son ombre (maître de conférences à Paris-VIII, chercheur au laboratoire Communication et politique du CNRS et auteur de La Rumeur. Histoire et fantasmes (Paris, Belin).
Il m'énerve très fort.
Ne va -t'il pas jusqu'à avancer sur la pointe des pieds que «Dans le pire des cas, cette stratégie de défense rappelle certains discours des années 30 sur les complots judéo-maçonniques contre l'Etat, ce qui est assez inquiétant.» ? C'est inquiétant pareil parallèle.
Mais très vite, comme il a peur de se faire prendre pour un comploteur, il rajoute «Mais ça n'a heureusement pas l'air d'être le cas pour l'instant.»
Là où vraiment il me donne l'envie de lui demander de quoi il s'occupe et au nom de qui il s'exprime, c'est quand il rajoute «D'autant plus que le public accorde très peu d'importance à cette histoire..»
Car il se trompe lourdement.
Au contraire, le public ne pense qu'à ce problème là. Il sait qu'il y a un «complot avec des mouvements financiers». Le public français le dit depuis longtemps, et personne ne voulait en convenir. Pour une fois, quelqu'un qui murmure à l'oreille du Président le dit haut et fort.
Et on voudrait le faire taire parce que ça rappellerait «quelque chose», comme si lui aussi ou son entourage préparait un complot contre la démocratie ? Il y a des limites à ne pas dépasser dans les commentaires.
Bien sûr qu'il y a un complot. Vous voulez des exemples? Lisez ceci:
"Philips est la seule marque restée aussi longtemps en Europe de l'Ouest à produire des téléviseurs". N'est-ce pas un complot ourdi par l'étranger, alors que Philips voulait rester en Europe où les coûts salariaux sont plus chers ?
Nielsen, qui fait des profits et des études de marché pour les grandes marques de distribution veut se décentraliser. En Inde. C'est un complot de ces salauds d'Indiens de chez Tata Consultancy Services (TCS).
Voici l'exemple type du complot: « l'État qui lui a confié 5 000 véhicules de police et gendarmerie» en 2009, n'a rien donné à faire cette année. Alors, à cause du complot, il y aura des licenciements.
Tout le monde complote, d'ailleurs.
Même les juges complotent pour mettre à mal les employeurs:
C'est un complot des juges des référés qui ont estimé qu'il y avait eu un "un trouble manifestement illicite dans la mise en œuvre du PSE". Un trouble, donc un complot.
Après 22 mois de chômage, les salariés de l'usine de découpe de volaille de Pontivy ont eu gain de cause, à l'échéance d'un complot de la cour d'appel de Rennes qui annule les licenciements et force l'employeur à l'indemnisation. Il y des des poulets qui vont moins rigoler.
Vous me dites qu'il y a eu un complot gouvernemental français contre les 23 salariés représentants du personnel de chez MOLEX ?
Que «Le ministère légitime les licenciements», alors que l'on se souvient «...de la position du gouvernement sur les patrons voyous. Le ministère a accepté ce motif économique alors même que l'inspecteur du travail l'a toujours refusé»?
Ce n'est pas pareil. Là, c'est de la gestion, dans l'intérêt bien compris des activités à réorienter face à la concurrence dans un moment de crise sans précédent !
Vous dites aussi qu'il y aurait 80 licenciements chez Entremont Alliance et que ce serait un complot qui aurait été préparé de longue date pour «rapprocher» le groupe laitier Entremont de Sodiaal qui serait soutenu par le ministre Bruno Le Maire, partisan d'une "solution industrielle définitive" ? Il faut comparer ce qui est comparable! Il fait ce pourquoi il n'est pas fait. Ou l'inverse quand l'intérêt supérieur de la Nation le commande. Mais il est pour un ordre économique juste.
Nous pourrions en citer d'autres, des complots contre les salariés. Et là, il n'y a pas grand monde derrière le porte voix à l'Elysée.
Les rumeurs de licenciements, les ragots de bas étage de syndicalistes en veine de publicité qui jettent en pâture des noms de sociétés et de salariés qui monteraient dans les prochaines charrettes, STOP !! C'est inadmissible et scancaleux. Rachida est bien d'accord avec nous.
Un jour, demain, elle sera tranquille et ne sera pas licenciée. Si elle est «mise en cause indirectement», ce ne peut être qu'un complot.
"Les rumeurs, les calomnies, les ragots sur la vie personnelle et en général sont absolument inadmissibles et scandaleux. Je suis mise en cause indirectement et donc je trouve ça extrêmement scandaleux",
Mais non, Rachida, tu n'y es pour rien.
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