vendredi 28 janvier 2011

> réservé aux seuls adhérents



En 2011, alors que 92% des salariés français ne sont pas syndiqués, Philippe Jaeger, président de la Fédération de la Chimie CFE-CGC propose que le bénéfice des accords collectifs soient « réservé aux seuls adhérents des organisations syndicales ».


Ce serait, selon lui, la clé d'un « renouveau du syndicalisme en France qui permettrait aussi un financement clair et transparent des organisations par des cotisations massives ».
Sur son blog, « Pour un syndicalisme de l'encadrement, social et responsable », Philippe Jaeger, qui a de la suite dans les idées, rappelle dans son billet du 19 janvier 2011 qu'« Il est temps de rendre la cotisation indispensable » proposition avait été actée en avril 2008 lors de discussions mais « oubliée dans la Loi du 20 août ».
Il rajoute: « Pour la CFE-CGC c’est le moment de porter à nouveau son idée d’agir sur le levier de l’application des accords en limitant leur bénéfice aux seuls adhérents des organisations syndicales. »
Ce syndicat catégoriel en remet donc une couche, la précédente ayant séché depuis 2008. C'était déjà une proposition du président de la CFE-CGC Bernard Van Craeynest lors du congrès de 2006. En 2007, la CGC interpellait les candidats à la présidentielle: « Quel avantage ont aujourd’hui les salariés à se syndiquer dès lors que les accords s’appliquent à tous, syndiqués ou non ? ». C'était la question qui tue. Syndicalisme de service et fractures sociales amplifiées.
En 2008, la CFTC, par Jacques Voisin, disait que « c'est une bonne idée », mais en précisant que seuls les accords d'entreprise pourraient être concernés par le système.
«  Comment pourrait-on mettre plus de 90 % de salariés hors de toute protection ?» s'interrogea Jean Grosset de l'UNSA.
Solidaires criait aux loups «  Comment pourrait-on mettre plus de 90 % de salariés hors de toute protection ?»
FO invoquait « l'impossibilité juridique : «Le système républicain stipule que les droits sont les mêmes pour tous»
La CGT indiquait que « «les droits sociaux sont les mêmes pour l'ensemble des salariés et que ce système n'est pas adapté à la culture française» «  la négociation collective est la propriété de l'ensemble des salariés et la représentativité doit être mesurée en fonction de l'audience donnée par les salariés».
 A la même époque, le député UMP Christian Vanneste avait relancé le débat à l'Assemblée nationale sur la question de « réserver le bénéfice des accords d’entreprises aux seuls adhérents des syndicats qui l’ont négocié », avant de retirer son amendement.

Philipe Jaeger repose le problème du financement des syndicats, à l'heure où les cotisations ne représentent que 60% de leurs recettes. Il nous laisse imaginer une situation originale: le chef d'entreprise ou le DRH vous demanderait, comme à chaque salarié, à quel syndicat vous êtes affilié afin de vous attribuer ou non les droits qui découlent d'un accord...

Alors, faudrait-il adhérer à un syndicat pour bénéficier d’un accord et faire des salariés des « clients » d’un syndicalisme de service ?

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