Septembre 2010 réinscrit au tableau noir l'équation à résoudre, cette autre facette de « la rupture » made in Nicolas Sarkozy: même après des dérouillées électorales ou face à des expressions populaires massives, il n'écoute pas les autres.
Pour lui, les bornages quinquennaux suffisent pour assoir toutes les modifications législatives, sans qu'il ait à tenir compte des bruissements de la rue, du temps qui passe et des leçons de l'Histoire. Il décide seul, les députés en décorum et les cabinets ministériels pour les aisances.
Cette position dévastatrice, fille indigne de la Veme République, ne tient que parce que d'autres, en face, s'accommodent des règles du jeu, attendant, un ticket d'alternance à la main, leur tour de manège. Cette attitude génère de grands silences et de petites retenues. En cette période où la vitesse de la circulation de l'information devrait faciliter la compréhension de l'autre, l'art est au camouflage et à la gestion des non dits.
L'épisode de la réforme des retraites vient en ce temps.
En guise de débat, restent les manœuvres ordinaires.
Quatre jours avant les manifestations du 7 septembre, le gouvernement n'aura pas réussi à faire accepter par les syndicats des modifications mineures sur son projet de réforme des retraites. Le front syndical serait donc intact. Les manifestations seront imposantes.
Mais parlons sans détour: sauf à ce que les Français soient prêts à une suite plus radicale, rien ne bougera, dès lors que même (surtout) en phase de décomposition avancée de l'Exécutif, ce dernier, prévisible, répètera qu'il n'acceptera rien d'autre que des modifications « à la marge » et que, issu du suffrage universel, toujours légitime même contre 3 millions de marcheurs, il fera comme il l'entend et sur notre dos tondre la laine.
Nous serons face à un mur, renvoyés aux délices des votes d'une assemblée nationale déconnectée des citoyens car non proportionnelle.
Alors, dans le silence social de l'été s'est installé dans les têtes comme le pressentiment qu'un affrontement brutal qui allait se produire.
Cette option, le gouvernement l'a décidée non seulement à cause des «dispositions structurelles » du Président, mais aussi parce qu'il sait que les marcheurs du 7 septembre, s'ils partiront ensemble pancartes déployées d'un même point boulevardier, ne vont pas au même endroit: les uns ne demandent qu'une réécriture du texte, quand d'autres exigent le retrait total du projet de loi.
Il n'est pas démobilisateur de penser et de dire que ces variantes ont leur importance et qu'elles pourraient avoir des effets néfastes dès le lendemain du 7 septembre. De là à imaginer qu'elles matérialisent la ligne de démarcation entre ceux qui proposaient le déclenchement d'une grève nationale interprofessionnelle - la grève générale - et les promoteurs des défilés traditionnels, il n'y a qu'un pas.
Qui peut penser en effet que les Français, pour être efficaces, feront l'économie d'une grève générale dure ?
Ceux qui croiront, en se mêlant aux manifestants du 7 septembre que cette date marquera le début de la fin du sarkozysme se tromperont de scénario et de lieu pour le clamer. Il ne s'agit pour l'heure que d'arracher une réforme des retraites s'inscrivant dans une perspective durable de justice sociale.
En résumé, il s'agit de débattre du sens de la vie, et partant, de l'organisation de sa fin.
Dans ce face à face entre deux blocs, c'est déjà bien du travail.
Et pour redémarrer la station de travail, taper sur le mur CTRL+ALT+DELETE
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