Il y a toujours un moment où nos paroles sont prises au mot. Laurence Parisot, présidente du Medef depuis 2005, n'y échappera pas, au zinc de nos comptoirs. Elle commence à s'inquiéter, Laurence, d'en voir quelques-uns lui savonner la planche d'un siège éjectable. Il faut dire que Papy Seillière n'est plus là, ce baron qui, paraît-il, lui offrit des fleurs pour la Saint Valentin 2005. Décidément il ne lui sera pas facile de garder ce poste qui permet de murmurer à l'oreille du Président, que convoita Guillaume Sarkozy, le frère de l'Autre, avant
que ce dernier soit élu Président
du pouvoir d’achat.
Ses amis la boudent. Ses liaisons deviennent
dangereuses. La presse s'en fait écho, dit sa désespérance, quand
son entourage l'a clôt :
ne voilà t-il pas que son ci-devant directeur général adjoint au MEDEF
Jean-Charles Simon est parti aussi. Déjà que Jacques Creyssel, directeur
général avait déjà été licencié en juillet 2008 et
l'avait mise au Prud'hommes, cet organisme que la dame voudrait
bien voir disparaître, tant « la liberté de
penser s'arrête là où commence le code du travail »,
avait elle susurré à l'Assemblée générale du MEDEF en janvier 2005, devant 4000
patrons médusés. Le successeur du licencié, Pierre-Henri Ricaud, n'était resté que trois
mois auprès de la patronne. Pas facile à vivre, Laurence ? En tout cas,
sale temps. Le navire prend l'eau.
Aujourd'hui, le moral n'y est plus. Il n'est
pourtant pas très loin, ce jour de septembre 2009 où elle déclarait "Non
au pessimisme masochiste" lors d'une université d'été où
« ...des patrons, mais aussi Lech Walesa, Clara Rojas, ou les trois
quarts du gouvernement Fillon » viendraient débattre en short sur le
thème « A la recherche des temps nouveaux ». Pas du temps perdu,
non. Mais tout de même une espèce de recherche du « moi profond »
« du côté
de chez Swann » qui habiterait le 16ème, sauf que
ni Marcel Proust ni Dave
n'avaient prévu qu'elle voulait « refaire le chemin à l'envers ».
Car Laurence veut remettre le couvert. Elle
l'avait déjà dit en novembre
2008. Personne n'y avait prêté attention. Silence dans les rangs.
Elle s'était calmée depuis. Mais à peine son intention réitérée, du coup, le
temps s'est assombri jusqu'à dans son propre camp.
En cette première quinzaine de janvier 2010, le
fond de l'air est frais, le moral de la présidente du Medef aussi. Plusieurs
départements ont même été placés en situation
de vigilance orange. Mais les « amis » de la Présidente
aussi, manifestement, après qu'elle eut annoncé ingénument son intention de se
succéder, ce qui provoqua illico des prévisions de gros temps.
Laurence Parisot est inquiète. Elle s'interroge très
fort sur son avenir.
Déjà, en 2005, avant qu'elle ne soit élue à la
présidence du Medef, elle avait dû jouer des coudes. Mettez-vous à sa place,
elle avait un handicap : elle était jugée
trop idéologue et trop parisienne par la base du Medef ! L'avenir
allait donner raison à ces pessimistes, sur les deux points : elle a fait
dézinguer le code du travail et elle veut réoccuper son siège à l'association loi 1901
Medef, dont le siège est situé 55, avenue Bosquet, 75007 PARIS.
L'effrontée.
Comme un malheur n'arrive jamais seul,
l'Association nationale des industries alimentaires (Ania), présidée par
Jean-René Buisson, avait claqué la porte du Medef le 17 décembre dernier.
Quitté le Medef, donc. A force de se friter avec sa chef. C'est qu'elle est
forte en poigne, la Laurence. Aussi raide avec les syndicats ouvriers qu'avec
ses potes : « Le
mode de fonctionnement de la patronne des patrons,
(est) souvent jugé abrupt et trop personnel ». Avec
toujours la même méthode, dénoncée le 7 janvier 2010 par Thibault Lanxade
(il veut des primaires au Medef) président de la start up Aqoba le 7 janvier
2010 : « Laurence
Parisot refuse le dialogue ». L'autre Thibault (Bernard) le
disait déjà.
Laurence Parisot risque de perdre son job au
Medef. « La
vie, la santé, l'amour sont précaires, pourquoi le travail échapperait-il
à cette loi ? » disait-elle au Figaro, 30 août 2005.
Elle ne comptait pas que sa douloureuse maxime lui retomberait sur le nez.
Elle a tout à craindre, puisque les non
candidatures se multiplient :
Ø "Je
n'ai aucune intention de me présenter, le sujet est prématuré",
indique Charles Beigbeder, 45 ans, fondateur de Poweo ;
Ø "Il
faudrait des circonstances exceptionnelles pour que je me porte candidat",
répète Denis
Kessler.
Ø « Ni moi » n'a pas encore
dit Geoffroy Roux
de Bézieux. Personne ne dit encore « ni vous sans
moi ni moi sans vous ».
Ø « Pas
moi dit le cochon, ni moi dit le canard, ni moi dit le chat ...
et bien ce sera moi dit la petite poule rousse ».
Les armes se fourbissent. Il y aura des morts.
Sur le podium convoité, si ce n'est pas elle, ce
sera un de ses frères. Libérée de son emploi précaire, elle pourra s'en
retourner travailler chez Optimum dont elle fut PDG. On lui souhaite
bien du plaisir. Peut-être que dans cette entreprise de portes coulissantes, si
elle fait attention à la marche et là où elle pose ses mains, elle retrouvera
la sérénité. D'autant que le code du travail, ici comme ailleurs, y est devenu
en caoutchouc mousse, un peu (beaucoup) à cause de la Laurence Parisot du
Medef. Ce faisant, elle pourra retrouver sa liberté de penser, comme Florent Pagny,
sauf que lui c'est en Patagonie, et qu'il autorisait que l'Etat donnat son
corps à la science.
Elle pourra réintégrer l'IFOP où elle est
encore vice-présidente, et dont elle pourra user pour des amis politiques, y
faisant faire des sondages « omnibus »,
qui est la « solution
IFOP maline ». Il lui reste aussi le conseil de surveillance de
Michelin, le conseil d'administration de la BNP. Voilà qui
l'occupera. Trop peut-être ? Alors, si ça ne va pas bien, il faudra
qu'elle en glisse deux mots au comité des sages du Samu social
où elle siège. Ou alors, consentir à d'autres ruptures. Tenez, par exemple,
elle pourra trouver son bonheur avec la
rupture conventionnelle, qu'elle a crée.
2010, année de tous les dangers. Il ne faudrait
pas que le ministre
de l'expulsion s'en mêle. Parce qu'elle est Française, elle,
Monsieur. Il ne faudrait pas qu'il prenne prétexte de ses voyages à Ottawa, Istanbul ou
Athènes pour les travaux de son Groupe de
Bilderberg où elle cause avec David
Rockefeller, Jean-Claude Trichet (gouverneur de la banque centrale européenne),
Kouchner, Ockrent, Strauss Kahn, Devedjian, Copé, Nicolas Beytout (rédacteur en
chef des Echos), Alexandre Adler (conseiller éditorial au Figaro), Henry
Kissinger, Bill Clinton, Barroso, Muhtar Kent (PDG de Coca-Cola), Klaus
Keinfeld (PDG de Siemens), Franck Riboud (PDG de Danone), Robert Zoellick (président
de la Banque mondiale) et bien d'autres encore...
Tu sais quoi, Laurence ? Rien n'est (encore)
perdu.
Avec un peu de chance, si tu fais passer ta
nouvelle proposition (par le gouvernement Fillon à défaut des
syndicats ouvriers), ce sera plus facile de revenir, puisque le MEDEF
vient de proposer aux syndicats de modifier, encore une fois, la
législation du travail pour permettre à un salarié de quitter son employeur
d'un «commun accord» pour aller voir ailleurs, avec la «possibilité» de revenir
si l'essai n'est pas concluant. Hein ?
Tiens, j'y pense là, juste avant de
conclure : Guillaume Sarkozy le retour ? Oseraient-ils ? Dans la
vidéo
« Ambition 2010 » on voit déjà que, comme à la
Sncf, tout est possible, et qu'un drame va arriver : ils sont « en
ébullition », et lancent le « kifékoi ». De l'art.
Mais l'Apocalypse dans l'art. Laurence, passionnée
par l'art surréaliste, appréciera.
Kifékoi ? Ils ne croyaient pas si bien dire.
La
peur s'installe.
Laurence Parisot, « collectionneuse
de tableaux, (elle) a acheté une toile à l'artiste QUIK en 2008 qui trône
au-dessus de son bureau ». Elle pourrait bien se reconvertir
bientôt dans les gamelles. Chez Félix Potin.
La France a peur.
slogan tiré de la vidéo Medef Ambition 2010.
« Je ne dis surtout pas qu'il faut
supprimer le code du travail, mais je suis juriste, j'aime le droit et je
voudrais que le code du travail nous permette de penser et de travailler
intelligemment au lieu de nous obliger à un mode de fonctionnement kafkaïen et
absurde", plaide-t-elle.» Laurence
Parisot.
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