> Moise et Benoit sont à la pêche.

Un jour, quand il eut fini de théologer, Benoit prit ses clics et ses clacs et le TGV direct. 
De Rome aux Nues, via Latran et Massy, gares en mouvement. 

Contre toute attente, et au nom du Père et du Déficit, la SNCF avait ouvert une relation commerciale juteuse.

Avec son air de ne pas y toucher, doucereux,  il avait foutu un joli bordel sur l'autre rive, le benoit. 

Il n'en avait jamais fini de dérouter les positions du Siège. Le pape avait soutenu mordicus des attitudes de l'Eglise catholique que beaucoup trouvaient misérables. 

Il n'y était pas allé de mains mortes, et à marche forcée, il avait voulu canoniser Pie XII. Même Wikipédia en avait vécu une  controverse de neutralité. C'était dire ! Il n'avait jamais voulu faire ouvrir les archives du Vatican. Il avait choisi de se taire.

Moïse, qui avait plus d'un tour dans son sac à dos, s'était juré de le coincer un jour de basses eaux. Il l'emmènerait à la pêche.

Trouver des asticots était aisé, là-bas.  Pour le matériel, Moïse se contenterait d'un roseau et de sa vieille ligne de conduite. Il demanderait à Benoit XVI de prendre sa canne à prêche.

Le fond de l'air était frais. Le fond du lac de Tibériade aussi. L'eau de là serait plus facile à couper en deux.

Ils se turent longtemps. Ils savaient bien que le moment du casse-croute serait fatal. Il revenait à Moïse de faire cuire des côtes d'agneau casher. Ca lui était facile, vu ses accointances avec les feux de bois. Il alla chercher des chardons ardents. 

Benoit, souverain pontife allemand, ne desserrait pas les dents, vu qu'il aurait préféré une choucroute garnie. Les entretiens s'engageaient sous de mauvais hospices, qui sont à Beaune ce que le CHRU Trousseau est à Tours.

Moïse : « Bon alors, tu fais des excuses ? »

Benoit XVI , finassant: « La poursuite du dialogue interreligieux doit  se poursuivre en dépit des tensions entre les deux communautés »

A peine s'il ne dégageait pas en touche sur Ségolène Royal qui débauchait le Modem dans la Région Poitou Charentes ou sur Novelli qui avait perdu la tramontane en perdant sa biographie.

Moise était patient. Il en avait vu d'autres. Mais il ne fallait pas trop le chatouiller. Il avait toujours voulu avoir des réponses claires à ses questionnements.

Moïse : «  Tu ne crois pas qu'il faudrait  s'entendre tout de suite ? Baisser le prix du pain rompu, ce n'est pas suffisant ! »

Benoit XVI,  toujours aussi raide dans sa chasuble :: « . " C'est une nouvelle étape sur le chemin de la concorde et de l'amitié entre catholiques et juifs »

On n'en tirerait rien d'autre.  C'était de la théologie pure et dure. Alors, Moïse s'énerva, et d'un coup de pied fit choir le Siège apostolique et romain à Benoit.

« - Si tu continues de m'agacer comme ça, je me casse cherchez de l'huile au Mont des Oliviers, hein ? » . Moïse passait la vitesse supérieure. C'était écrit dans les tables.

Alors, ni une ni deux, instantanément, le ciel s'est couvert. Des nuées de grenouilles vertes tombèrent, pour finir par se faire attraper par la queue pour être mangées par ces messieurs, accommodées avec persil et ail. 
Le temps s'était gâté. La réunion aussi. Il ne neigeait pas, non. Pas de vainqueur, pas de conquête. Pas d'hiver, pas d'avalanches. 
Mais les aléas du climat allaient les rapprocher de la grotte, qu'ils avaient réservée pour trois jours avant de, ciao bambino, se séparer dans les chasses éternelles.

Il était temps de quitter  les lieux. Heureusement, la pêche avait été bonne. Des poissons ne feraient plus de bulles. Benoit non plus.

Ils mangeraient des carpes demain. S'il plaisait à dieu de faire le jour et la paix.