La politique rend sourd, stérile et génère des pertes de mémoire. On ne se souvient de rien, puis soudain, tout revient par bribes. C'est encore un effet secondaire dû au troubles d'élections ou aux manipulations. L'homo politicus y est sensible.
Bien entendu, le débat est ouvert pour conclure si oui ou non les manipulations ont une incidence sur leur santé physique. S'il faut laisser du temps ou temps pour que l'esprit et la mémoire changent de main. Mais face à une souffrance exprimée, on se doit de l'écouter.
Par exemple, Charles Million, après un long repos politique, vient de se mettre à table sur « l'affaire Karachi » dont le contrat de vente d'armement au Pakistan aurait permis des versements de rétrocommissions. Elles auraient notamment servi au financement de la campagne présidentielle d'Edouard Balladur en 1994 lit-on dans le Figaro.fr.
Comme si la France n'avait pas assez de difficultés en ce moment, voilà que le dossier Karachi est relancé. « La corruption confirmée dans le dossier Karachi » peut-on lire dans le Point.
Alors, vérité ou manipulation politique ? Cette seconde hypothèse n'est pas à écarter, tant l'homme politique y excelle, persuadé que cette pratique le rapproche du bonheur, que s'il est à l'aise dans son corps il sera plus attentif au corps électoral et donnera aux citoyens plus de plaisir. Pour l'homme politique, l'acte procure un bien être et une grande détente. Même s'il hésite à en parler.
Prenez Edouard Balladur: il a démenti formellement et indiqué au Conseil constitutionnel que « 13 millions de francs (deux millions d'euros) » de ses comptes de campagne provenaient de la "vente de gadgets et de T-shirts".
L'allégation pourrait faire sourire, mais il suffit de savoir qu'il s'agit de gadgets de confort et de T-shirts taille XXXXL brodés d'or véritable pour rendre crédible l'explication. Alors pourquoi y revenir ? Pour faire du mal à Balladur en 2010 ? Le Nouvel Obs informe que « Jean-Louis Debré refuse de transmettre des documents sur Karachi ". Il a bien raison, Jean-Louis. Il y a des limites au harcèlement..
De même, Nicolas Sarkozy ministre du Budget de l'époque, conteste toute implication dans une affaire de corruption et a parlé publiquement de "fable". Je le connais mon Nicolas: il n'aurait jamais voulu tremper dans de pareilles aventures cousues main. Il ne ment jamais. Il a un code de déontologie, là, dans son coeur. Il sait discerner le bien du mal. Détaché des manipulations, il a plus de temps et d'énergie à investir dans ses activités d'homme d'Etat , non à d'autres, cachées et honteuses qui mèneraient au repli sur soi et à l'immaturité spirituelle et affective.
Des rétrocommissions auraient été « retrouvées en Espagne, en Suisse, à Malte et au Luxembourg » a dit Charles Millon au juge Van Ruymbeke. Et pourquoi pas à l'île d'Arros ou à l'hippodrome de Compiègne, pendant qu'il y est ?
Il suffit que quelqu'un ait remis un jeton pour un tour de manège pour que tout le monde veuille saisir la queue du Mickey. Et alors, tout le monde politique, (sauf certains) demande la transparence. Jusqu'à Manuel Valls qui découvre que peut-être, oui, à bien y réfléchir, sans doute, il faudrait envisager, se résoudre à être « amené à penser qu'il s'agit d'une affaire d'Etat ». Il est drôle Manuel.
« Obstacles, manœuvres, mensonges et omissions : la liste est longue des avanies subies depuis huit ans par ces familles » assure Rue 89. Le mot « manoeuvres » revient encore, lancinant, poisseux.
Les sous-marins Agosta, dont le regretté ministre de la défense Hervé Morin aurait pu dire qu'ils sont aussi silencieux que des crevettes, risquent bien de continuer de faire du bruit et des vagues.
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