lundi 20 avril 2009

> Fils à haute tension


Le fil.
Les bons apôtres ! Vous souvenez-vous d’avoir entendu ces fines mouches du FMI ou d’ailleurs, des commentateurs spécialisés, des penseurs universitaires officiels, vous prédire le cataclysme financier et social à venir en 2009? Vous donner des points de repères sur ce qui pouvait advenir ? Non, bien sûr ! Même pas dans C dans l’air, l’émission urticante mais bien pensante de la Cinq. Pourtant, les spécialistes y grouillent, comme Monsieur Jacques Marseille. Par contre, aujourd’hui fleurissent les mines compassionnelles et les « je vous l’avais bien dit ». Le fil de l’histoire.
Aujourd’hui donc, la cause serait entendue : les spécialistes proclament qu’il faut « assainir le système financier». Voilà bien le fond du problème? Pour eux, il ne s'agit que d'assainir, quand il s'agirait d'en changer. Mais la manipulation demande de gagner du temps. On le voit bien : les pare feu gouvernementaux allumés ici ou là selon l’urgence ne sont que des amortisseurs de réactions sociales, pour différer ou bloquer les colères. Les méthodes sont éprouvées, elles fonctionnent. La première consiste à circonvenir les solidarités. La deuxième à diviser les syndicats. Puis diviser les travailleurs eux-même, ainsi que les corporations. C'est leur recette, vieille comme lui, pour sauver le capitalisme. Voyez récemment le cas des marins-pêcheurs. Voyez chez Caterpilar où les salariés renâclent contre "l'accord " syndicats/patron... qui malmène le temps de travail à défaut de préserver l'emploi.

Pour ce faire, la « communication » reste la clé du voûte du système de préservation de ceux qui possèdent, et donc de ceux qui gouvernent: distiller l’information au dernier moment, différer sur des détails mais ne rien céder sur l’essentiel. Comme rallonger la corde de la chèvre pour qu’elle ait une impression de plus grande liberté autour du pieux enfoncé plus fort, qui la maintient. Le fil d’Ariane.
Ils ne varieront pas: ils ont décidé de s’occuper plus de la « relance » que du système lui-même. Car le système leur convient parfaitement, qui subit tout naturellement, rappellent-ils doctement, des cycles de « déprime » qui sont autant d’actualisations servant à la pérennité de sa course en avant.
Hémorragie d'emplois ? Inflation de chômeurs ? Ils pensent -mais ne le disent pas- que ces deux « paramètres » sont nécessaires au système ; ce volant de concitoyens « hors course » pour qui sont organisées des soupes populaires new look (le RSA augmente de 150 euros les ressources minimales !) permet aux rapaces de la finance des perspectives d’envolées nouvelles dans un monde de petits Madoff.
Aménager le système ? La dialectique à de ces pesanteurs ! Non, il disent qu'il ne s’agit que de « s’adapter aux réalités de la mondialisation ». Même au sacrifice affiché de petits pas de deux sur une moralisation des revenus des « grands patrons », qui râlent et résistent dans le jeu de rôles, mais roulent en Porsche Cayenne.
Sale temps pour la tranquillité derrière la ligne Maginot des certitudes dans notre joli pays à « croissance négative » ou de « récession technique » : les grèves fleurissent ce printemps. Mais avez-vous remarqué que les grèves commencent à main levée et se terminent par bulletins secrets "ou référendums" de « salariés responsables »? Curieusement, ce ne sont pas les mêmes. Bizarre, n'est-ce pas ? Regardez chez Caterpillar, encore sur la mascarade des prétendus 733 suppressions de postes ramenées à 600. Miracle ? Rapport de force? Pipeau ? Nous verrons le résultat six mois après la réalisation des 600 suppressions de postes de ce qu’il sera advenu de la « pérennité » de l’entreprise. Le syndrome de Gandrange. Le système est si pervers qu’il réussi à faire accepter des « sacrifices » par ceux qui le font vivre.

La phase de « recomposition » du système ne demande pas de grandes connaissances du mécanisme : aujourd’hui, les charrettes de licenciements économiques (et les autres qui souvent en tiennent lieu par commodité, comme la rupture conventionnelle, trousse du maquillage des ruptures ordinaires) ne procèdent pour la plupart que de la simple anticipation d’une nouvelle façon de faire et produire.
Il ne s’agit plus de savoir si les entreprises peuvent « tourner » avec tel nombre de salariés, mais pour l’employeur ou l’investisseur, à quel moment -à cause de pertes de pourcentage de profit jugées par eux inacceptables- ils vont tout casser pour reconstruire le profit. Mettez-vous à leur place : ils ne peuvent accepter de partager l’indispensable ; ils veulent aussi le superflu. Le fil du temps.

Quand tout ce petit monde sera « calé », -consensuel façon Soubié ou aux abonnés absents façon Medef- c’est à dire quand la grande masse des « sans travail » sera tranquillement coite et assistée, faisant fonction d’épouvantails aux « encore salariés », et que les faiseurs de crise auront la certitude de pouvoir continuer tranquillement à se goinfrer, alors, soudain, nous entendrons des commentateurs avisés chanter les vertus de la croissance retrouvée, chanter que la récession est derrière nous (alors qu’ils ne l’avaient pas prévue ni nommée en temps réel !). Déjà, ces derniers jours, le plan média nous les fait entendre : Alléluia ! en 2010, c’est la reprise ! « Reprise molle », mais reprise. Reprise d’intérêts, bien sûr.Du fil à fil.

En attendant, un cycle de crispations se développe, qui remet dans la gamelle les ingrédients du pourrissement des situations, énervements sociaux, séquestrations, présences policières et actions patronales en justice. Mêlez à ceci la bipolarisation (suicidaire) PS-UMP voulue par ces deux partis pour bloquer tout débat de fond avec les français et touillez. S’agrandissent alors les perspectives de désespérances au fil des jours.


Un nouveau modèle de société se ferait sans tous ? Alors, il pourrait y avoir du sport. Et des fils à haute tension.





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