samedi 4 décembre 2010

> SMIC 2011, pas de coup de pouce: gestion « prudente et articulée »





« Les avis et conclusions exprimées dans ce rapport n’engagent que les membres du groupe et ne reflètent pas la position des institutions auxquelles ils peuvent appartenir ».

C'est la première phrase du « RAPPORT DU GROUPE D’EXPERTS (art. 24 de la loi du 3 décembre 2008 en faveur des revenus du travail) » remis au ministre du travail le 30 novembre. (PDF joint).


Vous avez bien lu: il y a une Loi de 2008 « en faveur des revenus du travail ».
Elle est toujours en vigueur en 2010, puisque des experts ad'hoc viennent de rapporter leur point de vue: ils disent que non, il ne faut pas augmenter le SMIC le 1er janvier prochain plus que « l'application des mécanismes légaux ».

Pas de coup de pouce au SMIC, donc, car ils craignent les effets d'un emballement du SMIC.
Frileux ? Responsables ?
Ayant fait le constat que la prime pour l’emploi et le RSA ont « contribué à soutenir significativement ces dernières années le pouvoir d’achat des ménages de travailleurs modestes. », ils pensent que tout va bien. Qu'il ne faudrait pas charger la mule. 

Bons gestionnaires, sans qu'il n'y paraisse, ils sont aussi bons pour les gens. Pour les SMICARDS, s'entend: ils veulent les protéger.
Cette phrase dit tout: « … de façon structurelle, il convient d’éviter des évolutions trop rapides du smic qui, en faisant peser un risque important sur l’emploi, se retournent contre ceux que le salaire minimum doit protéger ». Imaginez: si jamais le SMIC augmente trop, ils ne seront plus protégés, les smicards... Ce serait immoral, non ?

Il faut, disent les experts, que la gestion du SMIC soit «  prudente et articulée avec une politique de soutien au revenu des travailleurs pauvres et une politique stable et pérenne de maîtrise des coûts salariaux », que «  « la question de l’accès et du maintien dans l’emploi, elle-même liée à celle du coût du travail, apparaît ainsi primordiale ».

Vous aurez compris: il ne faut pas donner de coup de pouce au SMIC pour soutenir les « travailleurs pauvres » qui gagnent le SMIC, car l'emploi en serait déstabilisé et que cela ferait peser une lourde menace sur la santé des entreprises, qui n'embaucheraient plus, et notamment les jeunes. D'autant que les jeunes, en vieillissant, demanderaient des augmentations... Donc, ne pas les payer trop, tout de suite !

Peut-être même que si un coup de pouce était donné au SMIC, cela donnerait aux autres salariés l'idée de demander des augmentations de salaires. Ils voudraient négocier dans leurs branches, ce qui serait insoutenable.

Ne pas augmenter trop le SMIC, c'est mieux pour la tranquillité générale.
De mauvais esprits ajouteraient que c'est bien aussi pour le tourisme local: n'ayant pas les moyens de passer des vacances autrement que dans leurs logements (pour lesquels ils perçoivent des allocations...), les SMICARDS contribuent à ce que nos campagnes et nos villes ne se vident pas trop. Ce qui plait aux chinois qui aiment la France romantique.

Ce sera la cinquième année sans coup de pouce. Depuis 2006. Merci qui ?

On voudrait bien savoir quels sont les revenus annuels des experts que ces « avis et conclusions » engagent, qui, nommés par l’arrêté du Premier Ministre FILLON du 23 mai 2009 sont:


Président :
Paul CHAMPSAUR, Président de l’Autorité de la statistique publique.
Membres :
Martine DURAND, Directrice des statistiques, OCDE.
Gilbert CETTE, Directeur des Études Microéconomiques et Structurelles, Banque de France, professeur associé à l’Université de la Méditerranée.
Francis KRAMARZ, Directeur du Centre de recherche en économie et statistique (CREST), professeur chargé de cours à l’Ecole Polytechnique.
Etienne WASMER, Professeur à Science-Po, chercheur associé à l’OFCE et au Crest
Rapporteur général :
Philippe RAVALET, Cour des comptes.
Rapporteurs :
Sévane ANANIAN, Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (DARES).
Delphine REMILLON, Institut national d’études démographiques (INED).

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smic-rapport-experts-2010.pdf903.05 Ko

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