> Modernisation ou broyage du contrat de travail ?

Cela ne vous choque pas, cette « démocratie » à la hussarde qui consiste à ce que le MEDEF et des Syndicats ouvriers se mettent d’accord sur un texte (Accord du 11 janvier 2008 sur la modernisation du contrat de travail) qui deviendra une Loi sans que les Députés aient leur mot à dire, invités qu’ils sont à ne pas amender le texte ?
Voté tel quel en première lecture, le voici déjà début mai au Sénat.
Il ne faut être grand clerc pour décrypter le sens du texte

: les employeurs, qui cherchent depuis longtemps une assurance tous risques contre les effets des contrats de travail et les jurisprudences successives ont réussi un joli coup en faisant accepter le licenciement de gré à gré par destruction des aspérités juridiques protectrices du salariat,...allongeant les périodes d’essai, ...supprimant le préavis. Que du bon pour le patronat, donc.
Voilà qui « facilitera l’entrée sur le marché du travail », qu’ils disent ! La sortie, surtout, pour laquelle l’employer reste le maitre du jeu de la rupture, conforté par ce texte qui n’avait initialement d’autre but que de faire sauter les verrous des procédures légales de licenciement, par métastases. Sans contrôles dignes de ce nom.
Les Directions du Travail doivent en rigoler, de « l’homologation » prévue, simili garantie pour le salarié!
En vérité, c'est à une explosion de licenciements pseudo-arrangés, de licenciements économico-arrangés auxquels nous assisteront bientôt quand la loi sera votée. Certains des signataires auront des nuits difficiles.
Si faire faire le sale boulot par d’autres relève d’un mode « moderne » de gestion de l’humain, bravo, Maître ! Dans l’indifférence générale en effet, la queue du mickey est à nouveau décrochée par de bons élèves de la classe. Mais le geste n’est pas anodin.
Ouvrons bien grands les yeux et l’entendement : les portes de l’horreur s’ouvrent ainsi sur d’autres textes à venir de partout, qui seront accouchés par saucissonnage, non par débat public (salariat de branche, associations, organisations, députés) mais concoctés par des individualités ou groupements « circonstanciés » auxquels le Prince aura donné l’imprimature et promis en échange quelques facilités.
Ces textes s’ajouteront à d’autres sans rapport directement visible alors qu’ils seront une nouvelle pièce, cohérente, d’un patchwork mécanique broyeur des règles communes qui ont fait lentement, parfois dans la douleur, ici chez nous, les fondements de la République. Les rédacteurs élus savent que le temps presse, parce qu'ils seront balayés à terme; alors, ils essaient de rendre les choses irréversibles.
Jusqu'où le délire de destruction des garanties collectives du monde du travail va-t-il emmener le Président de la République, du MEDEF et des riches réunis? Souriant, sur le Libé du jour, le député "Verts" de Rugy explique au sujet du Nouveau contrat de travail : "pourquoi j'ai voté pour". 
Tranquille, peinard, le PS s'est abstenu...!. 
 
« Bon appétit, Messieurs ! » A bientôt !


Broyeur de contrats de travail itinérant.