lundi 14 avril 2008

> Le conseiller du salarié: que "fossoyeur" d'emplois ?


14 avr 2008 par Raphael JORNET

Ce n’est pas un effet de style de dire que nous sommes arrivés à ce moment historique: un piège mortel se ferme sur le salariat français (européen), sans que les citoyens - les mêmes - s’en mêlent très fort: individualisation des droits collectifs, soumission au concept d’un salariat à deux vitesses, à un volant de chômage nécessaire, régulateur de vie sociale, acquiescement abruti à un nivellement par le bas. Tout cela sans trop râler, en toute omnipotence de l'employeur roi.


Rien ne bouge ? Pas si sûr. Voyez ces émissions télévisées de nouvelle facture qui prennent pour cadre la vie au travail. La vie ou ce qu’il en reste.
Par exemple ce film de Paul Moreira (Travailler à en mourir,) diffusé début mars pour lequel « deux millions de personnes sont restées réveillées jusqu’à minuit et demi…et 600 000 personnes ont quitté Cauet pour venir sur France 2 ». Il en est qui pensaient que le sujet n'intéresserait personne
.
 
Mais, "Dallas", à côté, c'est du pipi de chat, comparé à la réalité du monde du travail. A tel point qu’en haut lieu, on commence à s’émouvoir et créer des « commissions".
On en arrive à ce que Philippe Nasse, statisticien, vice-président du Conseil de la concurrence, et Patrick Légeron, psychiatre, patron du cabinet de conseil Stimulus ( !!), à la demande du gentil Xavier Bertrand, pour mesurer le stress, proposent de «construire un indicateur national neutre, transversal et scientifique pour mesurer l'ampleur du problème en combinant approche ergonomique et regard médical » , puis d’« Informer le grand public », « Sensibiliser les entreprises » et enfin " Repenser le management " .
(in "AuBonheurduWeb.com)
Superbe de nouveauté, non ?

 
La raison de ce billet, en ces temps de questionnements  aigus sur les conditions du travail en France, est d’attirer l’attention sur les quelques dizaines de "conseillers du salarié " qui, dans chaque département français, peuvent assister les salariés (dans des entreprises dépourvues d'institutions représentatives du personnel), lors de l' entretien préalable au licenciement.
A l'heure où s'épanouissent les fauves...


Parce que ces acteurs de la procédure de licenciement dans les entreprises dépourvues d’institution représentative du personnel, depuis la Loi n° 91-72 du 18 janvier 1991 (art. 5, art. 8 Journal Officiel du 20 janvier 1991), sont aussi dépositaires d’une AUTRE vision sur le monde du travail et qu’à ce titre ils détiennent des informations exploitables sur les véritables rapports des deux protagonistes dans le contrat de travail. Encore faut-il qu'on veuille ouvrir les oreilles en face.
Ces conseillers du salarié – véritables « fossoyeurs d’emplois », « voyeurs de conflits » - sont en effet les premiers à connaitre (sans filtrage institutionnel ou avant un éventuel repli du salarié), les raisons objectives ou viciées des situations conduisant un homme vers la charrette du licenciement.
Et ceci avant même
les inspecteurs du travail ou les conseillers prud'hommes, qui, in fine, ne voient passer que les ex-salariés les plus pugnaces.

 
Les conseillers du salarié évoluent dans un environnement décomplexé où l'on licencie sans compassion excessive, sans peur, sans souci de la matière humaine qui doit faire face à un (nouveau ?) chaos personnel, k-o debout, et souvent pour des raisons qui laisseraient pantois les plus avisés des spécialistes du monde du travail.

 
Mais alors, remarqueront quelques lecteurs attentifs, les Directions du Travail dont dépendent les conseillers du salarié ne sont pas mises au courant, lors de ce volet de la procédure d’un licenciement, des raisons invoquées par l’employeur, des réponses du salarié, donc des morceaux de vie conflictuels dans l’entreprise à partir desquels s’installent le mal-être ?
Bingo ! gagné: Non, JAMAIS !

Étonnant, non ?
Il existe des statistiques sur les lieux, les branches d’activité, le nombre de salariés…mais pas sur les raisons précises, individuelles, menant aux licenciements!
Le législateur ne l’a pas prévu !
Pourtant, le conseiller du salarié observe en temps réel des pans entiers de la période conflictuelle du contrat des salariés en France.

 
Je rêve qu’une « Commission », issue du vécu des conseillers du salarié dont on aurait délié la parole, rende des « conclusions », tout au moins des photographies non retouchées de ce qu'ils voient.
Quelle belle légitimité elles auraient !

Et sur le plan informatif, quelle bombe !



1 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonjour,

merci pour votre texte.Apprendre, apprendre, apprendre.
Je n'ai pas (encore!) tout lu de vos textes, mais pourriez vous mettre un texte "en tête"
pour expliquer votre travail? votre formation?
Existe t il un "regroupement" des conseillers du salarié? combien sont ils? un site internet ?
(pour "nourrir" les journalistes!)
-
(Dans le même ordre d'idée, je me suis toujours demandé pourquoi les éducateurs (trices) spécialisés n'étaient pas au cœur des informations/propositions sur le présent/avenir des jeunes...?)
17/05/2008 12:53Par Bonne-voglie

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