mardi 9 août 2011

Ils supprimeront la loi fixant la durée légale du temps de travail.

Ils forment un couple politique soudé. Ils ont encore frappé. Quelle drôle de mise en scène, pour la mort programmée des lois fixant la durée légale du temps de travail ! On a bien compris qu'elle figurera sur le programme de l'UMPiste pour 2012!
Mais pourquoi cette envie repétée de refuser un loi pour fixer la durée légale du travail ?


Pour elle, on ne sait pas trop d'où ça lui vient. On peut imaginer que quelqu'un avait dû lui raconter les vilains Accords Matignon, les décrets du Front Popu, qui instituérent les quarante heures de travail hebdomadaire.
En 1981, toute jeunette mais en âge de comprendre (elle a 23 ans), elle frôle le trauma lors des négociations qui s’ouvrent dans toutes les branches pour baisser le temps de travail. Heureusement pour elle, ces négociations durent et avortent.
En 1982, par l'Ordonnance du 16 janvier 1982, les Lois Auroux vont finir par lui saper le moral en direct. L'instauration par la loi de la semaine des 39 heures, puis les modifications de 1998 et 2000, et enfin les 35 heures du gouvernement Jospin allaient la fâcher définitivement avec la loi. Dans le même temps, elle prit en grippe le Code du travail. En 2007, elle pestait déjà.
Elle n'aime pas la notion républicaine de durée légale du temps de travail. C'est sa fixette.
Elle ne veut plus d'un horaire de référence légal, d'une durée qui serait la même pour tous, s'imposant aux employeurs et aux salariés, qui sert de seuil de déclenchement des heures supplémentaires. Comme si la réalité de l'entreprise - pour prospérer-- s’accommodait de moins en moins à l'Etat de droit, que le droit était coupé du réel, que le droit coupe les jambes à la compétitivité.
Son point presse mensuel de juillet 2011, Laurence Parisot va le terminer par ses diatribes habituelles contre les 35 heures:
 "...les 35 heures ont fait beaucoup de dégâts dans notre pays et continuent à en faire. Les dégâts ont été immédiats sur l’économie et il convient de ne jamais oublier la corrélation parfaite, indiscutable, entre la mise en place progressive des 35 heures à partir de l’année 2000-2001 et la dégradation régulière de notre commerce extérieur », 
qu'il faudrait que « ...nos entreprises aient les mêmes moyens, les mêmes atouts que les entreprises allemandes, les entreprises anglaises, les entreprises du Nord de l’Europe ».
« Et du point de vue de la durée du travail, cela veut dire que nous gagnerions en adaptabilité si la durée du travail devenait une durée conventionnelle. Une durée conventionnelle, cela veut dire une durée qui se négocie au niveau de l’entreprise, éventuellement au niveau de la branche. »... dans «  le respect de chacun et notamment des salariés de nos entreprises. ». Bien entendu...
Elle appelle cela une « approche... gagnante-gagnante ».
Mais, si elle veut tordre le cou à une pratique républicaine, elle entend que cette révolution se fasse sans «  remise en cause en parallèle des allègements de charges » à ses adhérents, car ces « allègements ne sont pas un cadeau » mais une « ... nécessité ». Même pas honte, miss Employeurs !
Du coup, l'approche devient le beurre et l'argent du beurre ! Comme elle n'a même pas honte, elle évoque une nécessaire « … baisse de la cotisation employeurs » et une «  ... baisse de la cotisation des salariés. ». C'est le bonheur total.
Ce bonheur-là, sera constitutif du « . Livre Blanc que nous publierons à l’occasion du lancement de la campagne pour l’élection présidentielle. ». Un livre "blanc" qui, devenu la bible sociale et économique à Sarkozy, virera au bleu.
Elle terminera son exposé de juillet par cette petite phrase qui rendrait constitutionnel son désir de n'avoir plus de lois sociales contraignantes : «  S’il y a donc un nouveau pas à franchir dans le dialogue social, c’est celui de la constitutionnalisation du dialogue social. C’est ça le mot-clef. ». Faire entrer dans la Constitution l'interdiction de prises de lois sociales, et les remplacer par le rapport de force face à de gentils syndicalistes ...
Mais Laurence Parisot ne joue pas perso.
De l'autre côté de la table des agapes, il y a l'autre.
Lui, dans le jeu de rôles, est l'exécuteur testamentaire, pour qui le Medef fera l'argumentaire social pour l'élection de 2012. 
Pour le reste, la Droite populaire de l'UMP est à l'ouvrage, « droite décomplexée » « saucisson vin rouge », qui est là « ... pour sécuriser un peu les choses, pour protéger le Président de la République, pour faire en sorte qu’il aille jusqu’au bout de ses engagements et s’il y a des coups à prendre, eh bien on les prend. Et puis, on les prendra à sa place...! ». Et puis, il y a Hervé Novelli.
Hervé Novelli, ancien d'Occident, ancien secrétaire d'Etat à Sarkozy, œuvre présentement en tant que secrétaire général adjoint à l'UMP, après s'être pris une pâtée mémorable lors des dernières élections régionales en Région Centre. Ancien de tout, il parle pourtant de l'avenir tel que son candidat le dira bientôt.
Hervé Novelli, comme Laurence Parisot, veut en finir avec un ordre public social et y substituer le règne du contractuel, branche par branche. Les salariés se verront affublés d'un contrat aux horaires « libérés » selon qu'ils seront dans tel ou tel secteur, sans borne de durée de référence, sans contrôle des horaires réels.
A l'heure où leurs Bourses s'effondrent, jamais le rapport de force entre salariés et employeurs ne s'est montré plus favorable aux employeurs. 
Jamais non plus le couple Medef/pouvoir politique ne s'était montré si effrontement visible. A se toucher la main, toujours.


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Laurence Parisot - Grand Forum Marie Claire... par LPARISOT
Quand Laurence se fait toucher la main...



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