mercredi 23 juin 2010

> le syndrome du pouf




Il a dû avoir un souvenir lourd avec un pouf, Marc Touati, quand il était petit. Il regrette encore de s'y être installé – il en parle souvent au point d'évoquer un «syndrome» - au prétexte que ce devait être pour lui « très difficile de se relever ».

«  Avec ses mots, votre grand-mère pourrait comprendre la crise financière » s'enthousiasme le « Journal de l'Entreprise 54 » à propos de Marc Touati.

Un exemple: "Les banques américaines et européennes ont été sauvées et leur santé s'améliore".
C'est du vite dit, pas vu pas pris. C'est effectivement limpide. Toutes les mémés à la retraite avec 600 euros net par mois comprennent cela. Tous les autres citoyens aussi, d'ailleurs.

Le 18 décembre 2009à propos des « aides et autres stabilisateurs qui permettent de limiter les dégâts lors de la chute de l'économie et empêchent ensuite l’économie de se redresser rapidement et fortement », Marc Touati répond que c'est à cause de ce qu'il appelle «... le syndrome du pouf ». 
« En effet, il faut reconnaître que, grâce à ses protections et à ses perfusions publiques en tous genres, l’économie française est protégée contre une chute trop violente. Ainsi, lorsqu’elle tombe, elle s’affale sur un pouf qui lui permet donc d’amortir le choc et d’assurer une certaine paix sociale à court terme. En revanche, une fois bien installé dans le pouf, il est généralement très difficile de se relever. »

Le 12/02/2010 « Tant que l’investissement des entreprises restera aussi déplorable, le cercle vertueux investissement-emploi-consommation ne pourra se mettre en place », juge Marc Touati, économiste chez Global Equities, pour qui la France est marquée par « le syndrome du pouf ». 
Selon lui, si la France affiche de meilleures performances que les autres, c’est en raison « d’une perfusion publique sur-développée qui, en cas de récession, permet à l’économie de tomber sur un pouf, c’est-à-dire d’amortir les chocs. Le problème est qu’une fois installé dans le pouf, il est plus difficile de se relever. »

Le 25 mars 2010, en réaction à la baisse de la consommation, il dit:
"Après avoir soutenu à bout de bras la croissance française pendant la crise et plus globalement depuis plus de dix ans, la consommation commence à lâcher prise.
Après avoir déjà chuté de 16,4% en janvier, la consommation automobile a encore reculé de 1,5% en février. Et, malheureusement, même si l'État et les concessionnaires continuent de subventionner une partie des achats de voiture, le ressort semble désormais cassé.
Nous retrouvons là le "syndrome du pouf": lorsque l'économie française tombe, le choc est amorti par un pouf constitué de diverses perfusions publiques. En revanche, une fois installé dans le pouf, il devient plus difficile de se relever. C'est pourquoi, après avoir été masquée en 2009 par diverses artifices et soutiens publics, la réalité de l'économie française va vraiment se faire jour en 2010. ».

L20 avril 2010pour Marc Touati, la « reprise est fragile mais réelle ». «  On est dans le syndrome du pouf ".
"La crise a été amortie par les aides et les perfusions publiques comme la prime à la casse, mais c'est aujourd'hui plus dur de s'en relever, d'où une reprise molle. ».

Le 7 juin 2010, Capital.fr, très taquin, fait semblant de s'interroger sur le « syndrome du pouf ».
Marc Touati répond: 
« Dans l'Hexagone, quand il n'y a pas de croissance, les perfusions publiques et les soutiens en tous genres, comme la prime à la casse automobile, se multiplient. Ce qui permet d'amortir le choc, comme un pouf.
La récession de 2009 a donc été beaucoup moins forte ici que de l'autre côté du Rhin. Il est toutefois difficile de se relever d'un pouf.
La suppression de la prime à la casse et la nécessité d'un assainissement des comptes publics brident en effet la reprise de la croissance. Le coût de la dette devient problématique, alors que la conjoncture nationale reste déprimée. »

Les efforts de Marc Touati pour tester sa formule sont payants: vous comprenez maintenant le drame qui se joue dans l'économie française.
Peut-être Marc Touati nous cache t-il qu'il est devenu actionnaire d'une grande fabrique de poufs, ce qui serait malin. Jolie, cette campagne de presse sur le pouf depuis six mois!

Marc Touati a d'autres idées fortes. Le lecteur sent très vite qu'il se lancera bientôt en politique. Et il se demande pourquoi Marc Touati ne conseille déjà pas l'Exécutif:

> Avez-vous une recette anti-crise ?
« ... développer une stratégie anti-crise et ne pas compter sur l'Etat... ».
On voit l'homme d'action: la recette anti-crise, c'est développer une stratégie anti-crise. Il suffisait d'y penser.

Comment voyez-vous la reprise d'ici à la Présidentielle ?
« J'ai l'impression qu'on veut colmater les brèches jusqu'en 2012 et qu'on verra après. Le vrai enjeu et l'après 2012, quelle mesure en prendra, est-ce qu'on va augmenter les impôts, les dépenses publiques... Si c'est le cas la France va tomber dans une crise type grecque. On a deux ans de relative tranquillité, après la situation sera plus délicate. ».

> Pourquoi la réforme des retraites peut-elle ralentir la reprise ?
 Nous n'avons pas pris assez de mesures ces dernières années et, aujourd'hui, le risque est de créer un nouvel impôt pour financer la retraite par répartition. Si les impôts augmentent, il y aura une baisse de la croissance, plus de déficits et de dette publique, cela m'inquiète pour la reprise car nous sommes sur la bonne voie.".
Nous sommes sur la "bonne voie" ? Il disait l'inverse, plus haut ! 

> Que faire pour que l'emploi reparte ?
 L'Euro doit diminuer et les taux d'intérêt de la Banque Centrale européenne ne doivent pas augmenter... Il ne faudrait pas une mauvaise surprise avec la réforme des retraites ou des dérapages sociaux.". Oui, des "dérapages sociaux" font toujours un peu peur...

> Que préconisez-vous pour réformer le financement des retraites ?
Il faut réfléchir au problème en toute sérénité, sans paniquer, en responsabilisant les Français et dire à ceux qui veulent partir avant 60 ans qu'ils auront une petite retraite. Laissons la possibilité de travailler plus longtemps à ceux qui le veulent. Je ne suis pas favorable à une date fixe et il faut permettre d'avoir, en plus, une retraite par capitalisation. En France on n'est pas assez flexible et réactif sur le financement de la retraite et on est dans une situation où il faut absolument débloquer le problème ".
Ne pas paniquer, donc.

D'ailleurs, « 
En l'absence de réforme du système de retraites et de réduction des dépenses publiques, notre pays perdra sa note financière AAA [la catégorie des pays les moins risqués, NDLR]. Or, 61% des obligations souveraines de l'Hexagone détenues par des étrangers, sont ce qui nous rendra particulièrement vulnérable ».

« Les bons remèdes du docteur Touati » titrait Le Journal des Entreprises.


+  

En attendant,

c'est plutôt à DSK que pense Bayrou,

Nicolas Sarkozy va déjeuner avec Chirac,

et  Philippe Rey, préfet des Pyrénées-Atlantiques, « dément qu'un casting de salariés ait été organisé en prévision de l'inauguration d'une usine près de Pau par Nicolas Sarkozy, le 22 juin prochain... pour sélectionner en fonction de la taille les salariés qui pourraient figurer sur les images au côté du chef de l'Etat. ».

Encore des histoires de poufs, non ?

++ 

> vous voulez du pouf ? En voilà de bien beaux.

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