jeudi 8 avril 2010

> contorsions et dissolution de l'Assemblée Nationale




Nicolas Sarkozy rêvait de sa réélection en 2012. Aujourd'hui, ses oracles lui auront dit que le rêve est fini. Sa seule chance de survie présidentielle est de dissoudre l'Assemblée.
C'est ce qu'il fera avant septembre, puisque son essai de colmatage de brèches avec les députés UMP n'a pas produit l'effet escompté en mars: les députés savent lire dans les gazettes des circonscriptions que leur emploi est devenu précaire.
Les parlementaires Ump de la Vème République savaient déjà que la Constitution ne s'appliquait plus à eux, puisqu'en même temps que Nicolas Sarkozy avait privé le premier ministre de la détermination et de la conduite de la politique, ils avaient accepté de ne plus servir à rien.


Cette situation fut acceptable pour eux en période d'euphorie. Aujourd'hui, en basses eaux, ils sentent qu'il y va de leur emploi. Tout comme le bouclier fiscal leur revient dans le nez en boomerang, la grâce revenue, ils ont pris conscience que l'inversion du calendrier électoral va leur jouer des tours.

En bons greffiers, ils avaient entériné des dispositifs qui donnaient un grand coup de serpillière aux dernières marques du parlementarisme de la Vème République, en muselant toute opposition et empêchant toute «cohabitation». Faire précéder les Présidentielles avant les législatives procédait d'une dérive monarchique au service de clans qu'ils avaient acceptée tant qu'elle leur garantissait les fins de mois.

Les parlementaires de cette législature, issus d'un mode de scrutin inique, ne représentent plus le pays. Ils le savent.

Ils auront «fabriqué» des lois en fonction de l'actualité, autorisé l'asservissement de la fonction publique et se seront contentés de regarder un homme nommer les procureurs, les préfets, les directeurs d'information, faire plier l'ordre judiciaire et prendre en main la police, décider seul par des effets de cour. Ils sont témoins et acteurs muselés d'une décadence institutionnelle, des excès d'une Présidence qui se «judiciarise» et leur fait le coup du complot.

Ils savent mieux que d'autres que l'équilibre des pouvoirs est rompu. Mais ils savent aussi que leur sort politique est lié à celui du Président.

C'est parce que les contorsions sémantiques du Président n'ont plus de prise sur les Français et que ses députés ont peur avec lui que Nicolas Sarkozy va dissoudre l'Assemblée Nationale.

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