lundi 1 mars 2010

> Le train, les bus, l'autre bus. Mais l’emploi ?



Dans cette histoire, il y a d'abord le train pour l’emploi.
C’est le train de «celles et ceux qui souhaitent aujourd’hui changer ou améliorer leur vie professionnelle.» La SNCF y embarque une dizaine d’entreprises, un «collectif» d‘organismes institutionnels et d’employeurs partenaires qui sont dans une «dynamique d’anticipation de sortie de crise». Ce train «sillonne les routes de France« » (sic). C’est le «train de l’égalité des chances».
Des employeurs vont «au devant» de salariés éventuels : "On va au devant des personnes… et on va en gare parce que symboliquement c’est là qu’il y a plus de gens qui passent, y compris des gens qui sont privés d’emploi » dit Guillaume Pépy le président de la SNCF qui vient peut-être de sortir d'un repas bien arrosé. Ou alors, il aime les lapalissades.
Et Christine Lagarde, qui est sur Facebook... de rajouter (à 0’39 de la vidéo) qu’elle espère que «d’autres viendront suivre
vos exemples, tout simplement pour s’engager en faveur de l’emploi des jeunes qui souhaitent travailler ». Merci Christine de le préciser, c’est bien connu, il y a des jeunes qui ne veulent pas travailler !
Il y a des voitures «de dialogue» où tout le monde peut aller, puis quatre voitures où seuls ceux qui sont «munis d’une convocation» «pass entretien» y ont accès (1‘20), «c’est une « ouverture des chances… une formidable opportunité… de l’emploi pour tous …une opportunité d’avoir du personnel qui ressemble à notre clientèle… »
Une DRH SNCF: « Quand je vois le nombre de candidats qui se pressent aux portes du train, je suis optimiste » (2’52). Elle est optimiste pour son opération commerciale, non ?A 3’38, une file d’attente impressionnante…
Tout le monde est content et se serre la main.
Bernard Laporte, alors secrétaire d’État à la jeunesse et au sport, découvre (à 5’25) que «les jeunes ont envie de travailler». Sur les dernières images, on peut lire que «7600 dossiers sont en cours de recrutement». On recruterait des dossiers, donc.
Sur le site ActuChomage, en miroir, ces quelques commentaires sur le train:
- «c'est pas un train qu'il faut, c'est des centaines»,
«Surtout en alternance ou payés avec un lance-pierre. Ça doit être ça le marché caché…», «Ce train c'est comme les forums pour l'emploi, du vent, du bidon, du blabla.. Ça sert de pub pour les boîtes de formation et les gros employeurs. Ça n'apporte rien puisque les renseignements sur ces boîtes on les trouve par ailleurs, et qu'ils n'ont pas plus d'offres dans le train que d'habitude. Ça peut tout juste servir de travaux pratiques aux ateliers "entretien d'embauche". On vous y posera toutes les questions-types auxquelles votre prestataire attitré vous a préparé, vous répondrez avec vos réponses-types calibrées, et vous vous retrouverez dehors aussi pauv'type qu'en entrant »,
- «Le train est peut-être sur les voies, mais l'emploi déraille ! Et au "train" où vont les choses, il faudra quelques milliers de rames pour transporter les hordes (forcément sauvages) de Chômeurs et Précaires vers l'emploi. …D'autres concepts seraient plus intéressants à développer comme "le Bateau pour l'Emploi" (qui coule entre Marseille et Nice) ou "l'Avion pour l'Emploi" (qui s'écrase au décollage… comme les promesses de Sarko !)…ce moment, c'est le "Pousse-pousse pour l'Emploi" qui est le plus
approprié ! …arrêtons les conneries ! …"la Galère pour l'Emploi 2010", voilà un concept novateur ! … les seuls vrais grands recruteurs partenaires sont les armées de terre et de l'air".

 
Il y a  des bus pour l’emploi.
Les bus de l’emploi se développent, qui «sillonnent» ou s’installent au cœur des villes ou des supers marchés. Ces bus sont pilotés par l’ANPE (Pôle Emploi) ou des missions locales intercommunales, auxquelles s’adjoignent des branches qui vont « à la rencontre des habitants du département pour leur présenter les opportunités de carrière du secteur et le dispositif de formation et de reconversion mis en place»:
- le Bus pour l’emploi des jeunes (Val de Marne), celui de Champigny sur Marne « bus pour l’emploi au service des jeunes »,
- celui d’Angers Loire Métropole qui «souhaite utiliser tous les moyens de lutte contre le chômage » et met à disposition des demandeurs d'emplois un bus qui sillonne l'agglomération. Il donne «accès au site Internet de Pôle emploi www.pole-emploi.fr»
- celui de la Communauté de Communes du Pays de Limours
- celui de St Pierre des Corps (Indre et Loire) qui mène une action « coordonnée par la « Mairie de Saint-Pierre-des-Corps et menée en partenariat avec la Mission Locale de Touraine et la DDTEFP d‘Indre et Loire ».
- de Marseille «et ses environs».
- celui d’Areva (avec ANPE et UIMM, le conseil général de Saône et Loire)
- celui de la Fac d’Evry, pour des conseils:


Il y a  un bus de l’emploi du BTP:
Il sillonne les villes.
- Marseille,

- Lyon



Et puis, mine de rien, le 23 février 2010, il y a un autre genre de bus, au centre ville de Tours.
Il est là, entre le palais des Congrès Vinci et la gare de TOURS, où décidément les symboles font leur cinéma. (Quelques jours auparavant, «550 jeunes» s’immobilisent avant le passage en revue par Hervé Novelli, pour «montrer l’immobilisme des régions socialistes depuis trop longtemps en place»).
Ce mastodonte de quatorze mètres de long a été baptisé « Le Bus de l’Emploi ». C’est écrit dessus. Le passant peut croire que de l’institutionnel ou (et) une branche professionnelle est là pour lui rendre « un service »…

Or, ce passant se trompe, car on le trompe. « On » a joué avec les similitudes pour faire son beurre.

Ce « on », c’est la société «Triangle», agence d’intérim dont le président est monsieur Jean Mérafina, «entreprise à taille humaine parmi les leaders de l´intérim, employant plus de 250 permanents et plus de 6000 intérimaires/jour. Elle se classe
parmi les 10 premières Sociétés de travail temporaire en France et se compose aujourd´hui d´un réseau de 70 agences réparties sur tout le territoire national», où «des rapports humains s´établissent de façon durable entre nos permanents et les intérimaires, source vive et essentielle de notre activité».


Quand j’ai téléphoné à l’accueil de la mairie de Tours, une hôtesse m’a répondu que c’était un société d’intérim. Que si je voulais postuler à un travail, il fallait m‘y rendre «avec (mon) C.V. et (ma) carte d’identité », et que le lendemain ce bus serait au «Auchan Tours Nord» et le 25 février au «Géant-Casino» de La Riche (Indre et Loire). La fonction territoriale au service d'une société privée...qui distingue sur la carrosserie du bus les trois mots: "CDI - CDD - INTERIM" pour laisser accroire qu'elle recrute directement pour des CDI...
Les officines se font des carnets d'adresses sur le dos des chômeurs ou des demandeurs d'emplois. Ecoutez-bien: ils "collectent des candidatures pour l'après crise" !!

Quelles ont été les conditions de mise en œuvre de l’initiative et du stationnement sur cet endroit de la voie publique ? J’attends la réponse de la mairie de Tours.
L’égalité des chances, c’est une démarche « positive » et non discriminante, lit-on sur le site de Pôle Emploi.
Ils sont où les emplois ? On croit qui, Fillon ou Sarkozy ?


Entre le train et les différents bus, vous la voyez se faufiler cette dérive qui tout doucettement s’installe, qui fera de l’emploi une foire aux bestiaux où les employeurs-maîtres viendront le dimanche faire leurs emplettes sur  le marché aux esclaves ?




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