dimanche 11 janvier 2009

> « Moi je » parle à la télé.


Vous remarquez jour après jour comme le Président de la République française domine les sujets et ses interlocuteurs à la télé.Certes, parfois, les metteurs en scène et les joueurs de caméra sont un peu complices, y allant un peu fort avec le fauteuil présidentiel qu’ils remontent, ou avec le pupitre qu’ils descendent. En fonction de la lecture.« Il » a changé ? Seuls les historiens le diront demain,ou l’excellent-Christophe-Barbier-de-l’express, un jour ou l’autre.

L’essentiel, c’est qu’il parle.

« Il » nous le fait de longs moments. Sur des sujets qui finiront toujours leur course autour de sa personnalité centripète, à la première personne et devant tout le monde, façon je « réfléchis tout haut », « je m’interroge tout bas » et « je condescends à vous le dire ».
Donnons-lui acte : il y travaille sans s'économiser.

« Il » prépare ces instants avec précision, comme s’il avait décidé de subir sa destinée: montrer à ses aficionados/électeurs qu’il avait changé et qu’il serait ad vitam aeternam l’homme du millénaire.

La transformation est stupéfiante, qui trahit un bouleversement intérieur soudain, indice 7 sur l'échelle de Richter, comme un retour d’expérience qu'il aurait vécut dans la douleur sur le yacht à Bolloré: sa veste, parfois, n’est plus boutonnée. Voyez comme il a changé !

On sent même, dans ses moments de faiblesse d’homme et de harcèlements médiatiques, qu’il pourrait se aller jusqu’à dire qu’il s’est trompé.

Mais « Moi, je », son double vigilant, regard vissé au prompteur, cafouille, godille, sûr de ses saillies, quand les questions des journalistes sortent du domaine de ses fiches.

"Il" a changé.

Même qu'il plaisante souvent maintenant, qu'il use de bons mots qui font pouffer l'assistance sur commande. Sacré com!

Avant, en « privé », il disait que s’il « entend » bien les français – qui le font marrer tant ils ne manifestent plus et ne participent qu'à des grèves invisibles – il ne changerait pas de politique dans les années à venir.

Aujourd’hui, il le dit encore. Mais en public, aussi. Même quand il recule.

Alors, « Il » aurait changé ?

Vissé devant une jolie bibliothèque bien rangée, pour des « vœux » de fin d’année solennels à « sa » nation après une course européenne éperdue, vous l’avez entendu, droit dans des bottes trop grandes pour lui, ne rien dire de façon assourdissante.

Êtes-vous sûr qu'il ait changé?

Peut-être, si vous le dites!

Mais remarquez bien ceci: les vœux qu’il forme partout ces premiers jours de janvier sont froids. Ils ne sont pas de bonne augure, parce que partout où ses vœux passent, l’herbe ne repousse plus.

Étrangement, ses silences valent de l’or pour la compréhension du devenir social de notre République en ces temps de « crise », contre lesquels notre Président lutte si intensément.

C’est-à-dire qu’il laissera les plus pauvres des salariés et les plus démunis se goinfrer des restes des indemnités qu'il n'aura pas fait démolir car régulatrices des trouilles et d'éventuelles explosions sociales. Il aidera dans le même temps les riches à « se refaire » de leurs émotions boursières récentes.

Ainsi donc, par exemple, les chômeurs seront invités à se mieux partager les miettes, avec l'aide bienveillante de la CFDT.

C’est l’honneur de FO et de la CGT de n’avoir pas signé les dispositions récentes sur l’assurance chômage qui répartissent la pénurie, quand au même moment les banques se remplument.

« Il » aurait changé ? Pas si sûr.

Ouf ! J’avais pu craindre que le fait que l’on dise à ses contemporains « J’ai changé » y change quelque chose.

Allez, bons vœux à tous avant qu’on trinque plus.

« Je verre, tu tasses, il soucoupe, nous cabarons, vous godez, ils cruchent » décline fort à propos cette conjugaison soulante tirée d’un album des Haitian Troubadours, ti-punch en bandoulière…
Pour nous faire oublier.


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