lundi 1 novembre 2010

> la politique au scalpel



L'apparence en politique commence à imprimer les bulletins de vote. C'est dans l'air du temps. Après le siècle des Lumières s'avance celui du bistouri et du sac de maquillage. La salle d'opérations pour effacer les cicatrices et pouvoir recommencer.



Après le forfait commis par eux contre la retraite des gens d'ici, comme si la saignée faite ne leur suffisait pas, ils veulent toujours et encore passer à autre chose, s'engouffrer dans la plaie pour y tirer des humeurs d'autres occasions de jouir encore.

Pour se faire, ils ont besoin d'oubli. A défaut d'obtenir une cécité totale du citoyen ou sa perte d'audition, ils cherchent la complicité d'éclairages flouteurs, du passage en boucle des effets récurant du jeunisme en politique. Mais à force de se regarder dans le miroir, ils deviennent stressés de se voir stressés…

Alors, leurs conseillers en communication, devenus effaceurs, font changer les couleurs. Pour faire oublier l'histoire, un coup d'UV, un coup de blush.  Puis, reconvertis chirurgiens, ils font rectifier l'image de leur commanditaire pour ne plus effrayer l'électorat, d'abord sensible aux apparences et aux lumières douces. Le paraître en lieu et place d'une profession de foi. Un mauvais coup ? Un coup de scalpel.

Démolisseurs talentueux de la justice sociale, certains de nos professionnels de la politique ne comptent plus sur la qualité de leurs convictions pour convaincre le citoyen. A l'horizon de 2012, ils n'ont de projet d'avenir que celui de l'instant juteux, incapables d'actions, mais triturent le temps à coups de tricheries, ne jurant que sur le seul rapport rejet/adhésion. La bataille des idées se voit rangée dans la boîte aux concepts dépassés.

Ils tremblent. Ils veulent se faire oublier pour rester à la cuisine, où l'une des recettes sur le tableau indique qu'il suffit de changer de région, de département ou de ville et de se faire refaire le portrait.

L'homme politique moderne sait que son discours se modifie avec le temps mais, honteux ou calculateur, il se met à bricoler son visage politique pour n'y laisser rien paraître afin de nous tromper si nécessaire, même s'il sait aussi que « quiconque ne s'identifie que dans l'image de son corps ne peut finir que dans la haine et le dégoût de soi. ».

S'ouvre la période où il sera question, pour gérer la Cité, non pas de créer des mouvements politiques mais des mouvements esthétiques.
C'est le chemin prit.
Ils nous croient si capables d'oublier d'où sont venus les mauvais coups qu'ils ont décidé de charcuter leur corps pour se payer nos têtes, se maquiller les joues pour mieux nous dominer, comme si les rapports sociaux étaient au bout de retouches stérilisées, l'ascension politique au tranchant du bistouri.
Dans cet idéal préfabriqué, sans diplôme en beauté plastique, il va devenir difficile de « faire de la politique », ainsi que sans être jeune et beau, au moins en apparence. La politique esthétique en mouvement devient du tourisme politique, paquet 2 en 1 offert, un séjour en assemblée et un acte médical. Un acte législatif, un lifting. Une récréation au bar, le retour en salle d'opération, un coup de Veuve Clicquot et un de Ripolin.

Tout va bien: pour cacher leur idées, ils gomment les visages, désaltérisent et subliminent. Pour mieux nous circonvenir, ils se botoxent, nous promettant par notre oeil du plaisir, et par le leur, opéré, s'attribuant le pouvoir.
Les hommes politiques ont maintenant la poitrine sur la tête. Ils marchent dessus comme ils s'octroient la jeunesse alors qu'ils la condamnent.
Pour infléchir leur destin national, ils interdisent le voile mais voilent leurs desseins, modèlent leur visage mais déforment celui de la République en fabriquant des leurres, des nasses et des filets dérivants pour mieux nous charcuter.
Sous le pli nouveau des anciennes poches aux yeux, ils peuvent cacher leurs arrières pensées. Sous leur pantalon d'homme politique idéal, ils rêvent de faire une campagne politique pour les slips Sloggi, pour une réélection et le ticket d'entrée pour la nouvelle curée. Ils font de la politique un art d'accommoder nos restes pour mieux dépecer ceux à venir, qui ne peuvent rien maquiller.
L'histoire nous dira qu'ils s'auto-mutilent et déforment. Le vers est dans le fruit et s'inocule le syndrôme du vestiaire.

Imaginez ce qu'il arriverait si cette dictature de l'apparence, cicatrisant mal, perdrait son apparence...
Les Français qui ont compris qu'il n'y a pas de régime miracle, apprendront à se méfier des ex-vilaines peaux, les regardant en face sous toute les coutures.

Sous les anciens yeux fatigués, s'annonce la nouvelle bille du clown pour de nouveaux festins. Encore deux ans pour dépecer. Mais le visage lisse.
Au moment même où les rides se creusent sur le visage de François Fillon, son successeur saura gommer les siennes.
Notre prochain premier ministre sera beau.



++ 

Spécial bravo à Dilma Rousseff


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