lundi 27 septembre 2010

> l'horloger de l'Elysée.



Un jour, il devait rechuter. Mettez-vous à sa place. Alors, ce jour venu, pris d'un doute, il demanda à quel moment et pourquoi parfois deux aiguilles d'une horloge forment un angle droit, et comment on pouvait y remédier. Il voulait réformer.

Un conseiller le remercia de lui permettre de rappeler que « Mieux vaut mobiliser son intelligence sur des conneries que sa connerie sur des choses intelligentes ». Comme les autres, il pensait shadoks.


Tout est parti de là. Après, ça ne l'a pas quitté.

A vrai dire, pour être plus précis, tout avait commencé quand il était plus petit que maintenant.

Un jour qu'il ne s'était pas énervé, il avait fait le constat que l'aiguille des heures de la pendule d'argent du salon de sa maman, qui ronronnait, qui disait « oui », qui disait « non », était plus courte que celle des minutes.

Il en piqua une vive colère et un profond désenchantement, hurla qu'il faudrait que cela change, et se jura qu'il serait le président du retour au cadran solaire.  Il était déjà excessif, pressé à la minute, accusant depuis toujours les autres de n'avoir rien changé quand ils étaient aux commandes. Il décida que le pays retournerait à une temporalité libérale.

Alors, pour ne pas s'arrêter, il couru toujours.

Un jour, à midi, - après qu'il eut réussi dans sa vie - il fut témoin d'une scène capitale: les aiguilles de la Rolex qu'il portait au poignet s'étaient mises en tête de se chevaucher.

Intrigué, il demanda à Henri Guaino à quelle heure les deux aiguilles étaient susceptibles d'être à nouveau superposées.

Henri, qui achevait un discours que son patron dirait au salon de l'agriculture, se racla la gorge, mais ne se laissa pas distraire, lui répondant qu'Alain Minc était mieux placé que lui pour le renseigner, vu qu'il allait toujours dans le sens des aiguilles d'une montre et dans la direction du vent. Un peu comme Kouchner ou Besson.

Perdre son temps devint vite la hantise de Monsieur le Président de la République, dès lors qu'il sut que 2012 sonnerait le glas et les douze coups de minuit pour lui.

Déboussolé mais pas découragé, le Président se répéta qu'il lui fallait absolument marquer son temps avant la fin du compte à rebours, quel qu'en soit le prix, sans tenir compte de l'inflation de mots que connaissait bien Rachida Dati, une spécialiste du monde de la finance et du bouche à oreilles.

Cette dernière saillie de l'ancienne Garde des Sceaux lui confirma que son avenir était, d'ici la fin du quinquennat, dans l'approfondissement des recherches sur la montrevibrante, qui ne faisait pas appel à un mécanisme complexe, seulement à des reflexes sécuritaires et (ou) nationaux.
La montre sans aiguilles le tentait aussi, intemporelle, comme lui. Et la montre à "heure à la demande" pour amateur égoïste qui ne veut qu'une heure "confidentielle", réservée à son seul usage.

Très vite,  il considéra avoir fait des progrès: il avait réglé le tempo des aiguilles de droite et de gauche sous la Vème. Elles allaient dans tous les sens. Et puis, fait significatif, il s'était résolu à accepter la présence dans son bureau d'une pendule d'époque Louis XVI, sans penser à mal quant à la suite de sa carrière qui pourrait être abrégée dans la douleur et un nouveau raccourcissement de l'envergure totale de l'homme politique.

Ce qui n'empêchera pas que depuis 2007 la France à peur et rêve d'une VIème. Sauf DSK, bien entendu, qui dit qu'il sera à l'heure pour la suite de la présente.

L'actualité, contemporaine, a des rouages qui prennent trop d'importance, comme "les fonds d'investissement étrangers... qui demandent des taux de rentabilité à 20... 25 %... en période de crise et ... cassent les entreprises". Dans l'horlogerie comme partout et de façon peu orthodoxe.


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Pendule d'époque Louis XVI (vers 1785) en bronzes dorés, bronzes patinés et marbre blanc.
Pendule d'époque Louis XVI (vers 1785) en bronzes dorés, bronzes patinés et marbre blanc.

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