mercredi 23 juin 2010

> retraites: la lame du couperet




Ils n'ont tenu compte de rien. « Le gouvernement ne reviendra pas sur les 62 ans », martèle Eric Woerth. 
Le reste serait « amendable ».
 Nous y voilà.







Le gouvernement sait bien où est placée la barre, puisque c'est lui qui vient de la poser. Il sait pourquoi elle est si haut.
Ce n'est pas assainir la situation des retraites qui lui importe. Sa préoccupation n'est liée qu'à un double symbole: il lui faut casser le dernier maillon des conquêtes sociales et faire un coucou à la finance mondiale pour un joli triple A.
Coup de bâton d'un côté et signe d'allégeance de l'autre.
La retraite dès 60 ans foulée aux pieds, ouvre grand le boulevard du libéralisme et les individualismes ordinaires.

Il vient de décider seul, notre Président. Prenons-le au mot. Qu'il prenne ses responsabilités, Nicolas Sarkozy, qui n'avait pas de mandat pour s'attaquer ainsi à la retraite, comme il en a convenu un jour. Mais se souvient-il de tout ce qu'il dit?
Les débats lui sont passés au dessus de la tête. C'était du cinéma. Les réunions à son initiative avec les partenaires sociaux n'étaient que des points obligés du plan com et de ce qui reste de bienséances institutionnelles.
Mais il n'a tenu compte de rien. Il est le Président de la régression sociale et il assume.
Il nous montre à nouveau qu'il n'a pas de limites.
Il donne son gage au Medef et un ticket d'entrée aux retraites par capitalisation qui feront les beaux jours de sociétés privées.
Il individualise ce qui était droit collectif.
Non seulement le gouvernement ne reviendra pas sur les 62 ans, mais il prévient qu'« il n'y aura pas de marge de manœuvre ou de négociations préalables à la mise en place » de la réforme pour les régimes spéciaux, prévient le ministère du travail. A t-on déjà vu désigner mieux un adversaire?
Bref, il n'y a plus à discuter sur rien, sauf sur le degré d'affûtage de la lame qui va emporter nos têtes.
Mais alors, pourquoi les partenaires sociaux se laisseraient-ils aller à répondre à des convocations sur les seuls sujets qu'on leur désigne? Pour qu'en fin de course le gouvernement décide seul? Pourquoi donc les partenaires sociaux iraient-ils papoter « d'alternatives », quand l'essentiel leur est fermé ?
L'arrogance de l'Exécutif va même jusqu'à faire entendre que Eric Woerth ne « redoute  pas la journée du 24 juin ». Il veut en découdre. Il a raison. 
Le fait que FO et CGT aient refusé de rencontrer le ministre du travail pour « l'ultime concertation sur les retraites avant la finalisation par le gouvernement » est de bonne augure.
En définitive, la raideur du gouvernement a du bon: elle va forcer tous les syndicats à dire clairement s'ils sont d'accord ou pas sur l'abandon du repaire d'ordre social de la retraite à 60 ans. Le voilà le premier maillon d'une puissante action unitaire en riposte qui ne sera pas un conglomérat d'intentions divergentes.
Nicolas Sarkozy prend les français pour des ragondins. Ils vont bien le lui rendre. Et plus vite qu'il ne le croit.

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