mercredi 2 juin 2010

> optique 2012: d'abord le réel



Au début d'une époque où la langue qui se déliait, en 2002, Guillaume Sarkozy, le frère de Nicolas, était vice-président du Medef. « Regrettant l'absence de "vrai débat" sur "l'impact de la mondialisation sur nos sociétés", le frère du ministre de l'Intérieur s'était résolu à le lancer.

« Je suis fier d'être un patron industriel qui délocalise."
"Assez de faux semblant: la perte d'emploi, la déstabilisation industrielle, c'est normal, c'est l'évolution".
C'était comme ça. Sûr de lui, le Guillaume. Une marque de fabrique, un don: visionnaire et réaliste.



Arriva le candidat à la Présidence de la République Française qui lança "Je serai l'homme du plein emploi, je serais l'homme de la croissance",
suivi de près par Alain Minc, l'Iznogoud du Prince et des patrons qui, en octobre 2008, rassura les victimes d'un "marché" qui "ne se trompe guère": "La crise est grotesquement psychologique".
Le même génie dira en en mars 2009« 80% des Français sont en dehors de la crise... pour la France qui est sous statuts, il n'y a pas et il n'y aura pas de crise. »

C'est dans ce contexte qu'il est arrivé.
Vous vous souvenez, c'était il y a un an: le RSA naissait. Les allocataires du RMI ont directement été basculés dans le dispositif RSA.

Ce n'est pas compliqué: il y a le RSA socle qui remplace depuis juin 2009, le revenu minimum d'insertion (RMI), l'allocation parent isolé (API) et certaines aides temporaires.
Il est destiné aux foyers qui ne touchent pas de revenus du travail.
Il y a le RSA activité, qui est destiné aux travailleurs aux revenus modestes et enfin le RSA socle + activité : Il concerne les foyers ayant des revenus du travail encore plus faibles. Ceux, par exemple, qui travaillent quelques heures...


Conçu comme un outil de réduction de la pauvreté, le RSA devait « concourir à l’objectif gouvernemental de réduction d’un tiers de la pauvreté d’ici à 2012 ».

Martin Hirsch, le haut-commissaire aux Solidarités actives veillait.




Avant, on disait que le RMI maintenait les « bénéficiaires dans la précarité".

Alors, maintenant, le RSA incite-t-il à en sortir ?

 « Le problème c'est qu'on ne peut pas faire de comparaison, avant/après le RSA, parce qu'on est dans une période économique où le marché de l'emploi se détériore. Impossible de dire si la reprise d'emploi est supérieure à ce qu'elle aurait été sans le RSA », dit un économiste.
Surtout, le RSA ne peut pas faire de miracle: pour décrocher un emploi, encore faut-il que les entreprises en créent, rajoute un brin taquin le journaliste.
Mais on se rassure: « La deuxième année du RSA mettra l'accent sur l'insertion », dit-on au ministère de la solidarité.

Le RSA a un an le 1er juin 2010 mais cherche encore ses marques.

Figurez-vous que c'est d'abord la faute aux fabricants de communication, qui sont défaillants sur le coup là.
Le gouvernement n'y est pour rien. Sauf un peu: le gouvernement n'a fait pas assez de pub pour le RSA...!

C'est Marc-Philippe Daubresse, ministre de la Jeunesse et des Solidarités actives qui le dit le 30 mai 2010 : il explique que les demandes de RSA ne sont pas faites par les éventuels bénéficiaires car « Pour certains cela peut sembler fastidieux. D'autres sont méfiants... c'est demander une allocation et ils ont peur d'être stigmatisés … Enfin, il y a ce manque d'information… des personnes peuvent bénéficier du RSA activité mais ne le savent pas...».
Il ne le savent pas. C'est bête, non? 

Et puis, seconde raison du « problème RSA », c'est que si le nombre de bénéficiaires stagne, c'est à cause de la criseC'est moche aussi. L'avenir du RSA ? François Barouin, le 12 mai 2010, assure: "Le RSA, on y touchera pas, c'est le bouclier social, il n'y a pas de raison d'y toucher". Mais il ne s'étend pas sur le sujet.

D'autres que lui pointent le bout de leur nez vers la direction d'où va venir le vent: le 27 mai 2010, les « élus de droite de l'Association des départements de France (ADF), réunis à Chartres, demandent au gouvernement l'ouverture rapide du chantier de la dépendance et proposent la création d'une nouvelle journée de solidarité pour compenser les dépenses des départements liées aux personnes âgées, au handicap et au RSA... Cette nouvelle journée de solidarité se traduirait par la suppression d'une RTT ». Sacré Barouin, qui nous cache tout ! Ce n'est pas la finance qui va payer, mais les travailleurs eux-mêmes !

Bon anniversaire au RSA, donc. Et que cessent les préjugés.

Même si ailleurs on peut lire que "Après un an de matraquage stigmatisant envers les populations arabes et musulmanes, les préjugés ont plus que doublé par rapport à l'an dernier": c'est ainsi qu'Arielle Schwab, présidente de l'UEJF, explique que les préjugés exprimés par les Français sur les Arabes, les Juifs ou les homosexuels soient aujourd'hui en augmentation, selon un sondage de l'institut BVA pour son association et SOS Racisme, dévoilé ce dimanche. La jeune femme fait référence, notamment, au débat lancé par le gouvernement sur l'identité française ».

Sur son carnet, en date du 30 mai 2010, Jean Pierre Raffarin écrit: « je veux rappeler que la dignité ne se brade pas. ».

Tu l'as dit, Jean Pierre !

Mais il faut voir de quoi l'on parle.


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L'image titre est tirée du blog Bienvoir.com



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