lundi 17 mai 2010

> Des rides et de la chirurgie esthétique sous la Vè République




Il faudra qu'un jour ou l'autre les partis en prennent le leur: il ne sert à rien de vouloir combler les rides. Ce serait même malsain, voire dangereux.
Mettez-vous à leur place. A cinquante deux ans, vous auriez des rides aussi. Il faut dire que presque cinquante deux ans après la constitution de 1958, les partis ont pris un coup de vieux.
Leur corps est malade. Ils ont mal partout, ont du mal à se mouvoir dans notre démocratie à cause d'une claudication qui les fait patiner sur le suffrage universel. « J’ai proposé au pays de faire la Constitution de 1958 […] dans l’intention de mettre un terme au régime des partis. C’est dans cet esprit que la Constitution a été faite. » a dit le général de Gaulle en 1965.

Tilt ! C'est presque bientôt fait. Les partis politiques sont devenus boutiquiers. Ils en arrivent à ne plus nous représenter, tellement le système bipolaire est confortable. Ils en sont devenus addicts, ne se remettent plus en cause, se prennent des tiques que leurs mandants trompés ne peuvent contrôler. L'éthique prend des rides.

Ils sont en crise morale. Ils jouent à saute-mouton avec nos décisions. Le vote "Non" au référendum sur une Constitution pour l'Europe en 2005 est à cet égard exemplaire. Voyez comme toute idée de référendum les fait maintenant tirer au cœur !
Englués dans l'économie de marché, mal sur leurs jambes qui flagellent, les partis politiques de la Vè République trichent.

Devenus les champions de la concurrence pour les autres - eux se protègent les rentes de situation - ils tuent la solidarité entre les citoyens. Ils ne nous respectent plus jusque dans l'intimité des Chambres. Ainsi est posée la question de la place du cœur, dont on ne sait plus trop à l'heure qu'il est s'il est à gauche ou à droite. Étonnez-vous d'une abstention prégnante, qui est un désamour envers ceux qui devraient être nous alors qu'ils ont la tête ailleurs en n'étant pas d'ici. Les partis ne veulent pas de la proportionnelle intégrale car ils seraient obligés d'écouter le peuple et de se remettre en cause. Ils répondent « stabilité ! ». Nous rétorquons « Pour vous ! ».
Ces constats sur un corps déglingué posent crument le problème du vivre ensemble. Du respect de l'autre, hors la démocratie marchande.

Pour durer, ne rien changer à leurs habitudes assises, les partis croient avoir trouvé la parade: ils vont toucher au plus visible sans rien toucher du fondDu dermique de surface: l'un après l'autre, les partis se font refaire la façade. « En quarante ans, la quasi-totalité des formations politiques auront changé de nom à l’exception notable des communistes : les gaullistes, les centristes et les socialistes ont changé plusieurs fois de nom au cours de cette période, de même que les écologistes auront connu en moins de dix ans diverses appellations. » (in « Le système des partis sous la Ve République », texte PDF joint). Ils changent de sigle, se recomposent, mutent en secret mais gardent l'essentiel, qui fait nos désespérances. Pour nous convaincre, ils lancent de grands plans com désincarnés. Parfois, audace vive, miracle d'un instant, on les croise sur les marchés de nos villes. Pas souvent, mais ça peut encore arriver, et l'on subit le premier choc: leurs militants font du costard cravate et du visage lisse.
On aura compris: leur remise en cause n'est qu'apparence. Leur neuf nait du bistouri ou de l'aiguille. Ils maquillent leurs maux en se faisant triturer la chair et mais ne veulent pas laisser la leur.
Maintenant, à la télévision, défilent l'ombre de futurs défunts qui promènent les séquelles de scalps faciaux ratés. Sérieux – ils souriraient et s'en serait fait d'une couture fraîche - ils nous assurent qu'ils ont changé. Pas eux, leur parti. Ils nous racontent le bonheur, puis s'exilent à nouveau, le temps d'une consolidation de la blessure.

Rien de nouveau, direz-vous: pour éviter de changer de politique, ils se font uniquement rectifier le portrait et au pis aller, ils vont au subterfuge du maquillage. L'esthétique est de tous temps. La chirurgie aussi. En 1968, la faisant intervenir, ils avaient même fait police. En 1983, souvenez-vous du choc des mots et de l'ampleur des coups de scalpels dans le programme commun qui deviendra fosse commune: l'union de la gauche en avait été couverte de nécroses. Elle n'allait pas y survivre longtemps.

Tous les partis, dans cette Vè République, auront eu recours à la chirurgie esthétique. Aujourd'hui, les techniques s'affinent, et les produits de comblement de rides idéologiques ont fait leur trou. Mais ils seraient dangereux pour les partis aussi, nous disent de récentes études, dont vous n'entendrez jamais parler dans C dans l'air. Surtout les produits non résorbables, qui laissent des traces. Imaginez le tableau: l'Histoire, par quelques journalistes curieux, s'en empare et ne les quitte plus. Ces produits refont surface, comme des sous-marins Agosta. Le secret défense au fil de l'eau.

Chacun sait que le vieillissement des partis est un phénomène inéluctable. Avec le temps, leur doctrine devient de plus en plus élastique, elle perd peu à peu de sa rigidité d'antan. Les rides idéologiques apparaissent. Plusieurs facteurs en sont la cause. Les élections passant, les déclarations d'intentions s'effritent, les courbettes au dieu fric et au libéralisme prennent le dessus. Les plis cutanés se forment: c'est la ride partisane. Le matin, en se rasant, elle est là qui murmure aux partis qu'il faudrait la cacher. Surtout aux partis de gauche. Le test de « l'avant /après » n'en est que plus dramatique.

On n'insistera jamais assez sur les effets secondaires. D'autant que la crise actuelle injecte son venin dans des coins précis des parties politiques. Sa survenance aura nui à l'utilisation de tout produit dans une autre partie du corps électoral. Elle aura des conséquences graves pour l'avenir.

La hantise des partis politiques qui trichent se résume au « risque non maîtrisé d'effets indésirables graves ». Le problème est que politiquement parlant, les effets indésirables « ne sont pas immédiatementvisibles ». Ils peuvent apparaître des années plus tard. Certains en savent quelque chose. Suivez mon regard.
Ne soyons pas alarmistes non plus: le nombre de partis touchés par une complication ne représente qu'une petite minorité des partis traités. En règle générale, le tour de passe-passe réussit bien, puisque leurs membres sont réélus ! Regardez 2007. Mais là, après, c'est nous tous qui l'avons pris en pleine face.

Pour les partis politiques et leurs dirigeants, la meilleure façon de retarder l'apparition des rides est de s'en tenir à une stricte hygiène de vie. Mais ce serait ignorer les facilités des ors de la République et le cumul des mandats de joyeux professionnels de la goinfrerie et des chocs dermiques.
Il faudrait qu'ils ne s'exposent pas trop ? Ils raffolent de l'éclairage des médias! Pour faire bonne figure, ils sont prêts à tous les sacrifices des autres. 

Nous passerons vite sur l'apparition, avec l'âge, des taches brunes qui peuvent affecter les partis et nous passer sur le corps. Bruno Gollnisch (qui dit sans rire qu'il a « toujours montré une résistance totale à la dictature morale du politiquement correct ») saurait nous en parler. Marine, elle, aurait la « volonté de purger ». Ce qui sont d'autres méthodes pour lutter contre les rides.
Les partis vieillissants ont parfois des chefs qui se font souvent des cheveux pour l'avenir. Ils savent couper les cheveux en quatre dans les commissions mais pas les cordons de la Bourse du Palais Brongniard. La perte de cheveux impose un bilan médical pour contrôler si les « sécrétions d'hormones mâles restent normales ». On écartera d'office chez la gente politique le facteur aggravant des carences alimentaires, tant la soupe est bonne aux cantines des élus. Le stress, autre facteur aggravant, est réel: perdre un mandat leur est une déchirure de plus, dont la cicatrice tardera à disparaître. Voyez Alain.

Et puis, signalons ce dernier point: au fil du temps, les partis politiques sont affectés par un assaut qui touche leur système immunitaire. Les anticorps constitutionnels s'en donnent à cœur joie - l'épisode de la burqa le montre, bonjour à Copé - multipliés par le nomadisme de certains. Bonjour à Bernard et Eric.

Alors, ils se soignent tous. Il s'agit de cacher la vérité. Ils veulent montrer ce qui reste d'eux en exhibant un ventre plat et en changeant de tête pour que les électeurs ne voient pas qu'ils ont changé et qu'ils n'ont pas tenu la ligne. Ils jouent, et n'ont pas droit à l'erreur. Bonshommes et bonnes femmes ripolinés de la politique spectacle, ils risquent la maladie de Raynaud tant ils sont engourdis et leur vocabulaire devenu étranger.

Le phénomène a pris une telle ampleur que les professionnels de santé s'y intéressent. Le comblement des rides politiques est sujet d'inquiétudes: l'Afssaps, dans sa lettre recommande (pièce jointe en PDF) de « conserver les données des candidats sur une durée de 15 ans et de fournir toutes informations dans un « carnet esthétique » aux candidats ». Jack vous expliquera. Ce sera sûrement utile, dès lors qu'il n'existe pas à ce jour de nomenclature européenne sur les produits utilisés. Seulement une nomenklatura.

Les rechutes, violentes, hantent les journaux: voyez la dernière, celle de « Bernard Tapie (qui) va réintégrer le PRG » dans un but purement militant et sans rechercher de fonction comme ministre ou député". Ceci dit, il ne faut pas être plus royaliste que Fillon qui aurait pu dire, en s'en contrefoutant, que « l'essentiel n'est pas ce qu'on fait mais ce qu'on maquille ». Il n'empêche: on passe des diamants de Bokassa à ceux du Tahiti Douche de Palmolive, et de rides effacées à une « démocratie unijambiste et sans coeur ».

 En cette fin de Vè République, nous en arrivons au trop plein et à la fin du résorbable, et combler la bêtise devient un vrai projet. Ne pas le réaliser d'ici 2012 nous conduirait à devoir bien choisir notre prévoyance funéraire pour l'au-delà.

Appelez-moi docteur.






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1 commentaires:

Chirurgie a dit…

That sure is a good read. I have learn interesting facts about medicinal attributes. Thanks for sharing! More power!

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