vendredi 23 avril 2010

> le mur, la République




> Le 22 avril, sacrifiant au rituel, le ministre du travail a reçu les syndicats de fonctionnaires à qui il n'a rien proposé. Ce fut harassant.
 Le gouvernement n'a rien dévoilé sur le pourquoi de la rencontre dont le sujet annoncé à grands renforts de publicité était « le dossier des retraites » de la fonction publique.
« Pas de propositions, pas de signes » dit un syndicaliste.

> Quelques jours plus tôt, des réunions s'étaient tenues avec les « partenaires sociaux » sur une « réforme des retraites » du privé. 

Qu'a proposé le ministre au nom de son gouvernement? Rien. L'effort était réel mais l'envie retenue.


Ces deux exemples racontent comment on se joue de la République: on se rencontre pour ne rien dire. On manoeuvre, on tactique en se donnant à voir, pour un service minimum des bienséances. Les décisions sont déjà prises. On fait semblant.

Les élus de cette République en sont arrivés à déconstruire la logique et faire accepter les conséquences. Pour prospérer et avancer encore, ils n'ont maintenu que des apparences, laissant survivre des institutions citoyennes qu'ils ont vidé de sens. Curieusement, ces institutions s'y prêtent, donnent le change, jouent le rôle assigné.
Pourquoi donc participer au bal masqué dans le garage ?

Les élus de la République ont cassé le moteur du véhicule mais invitent à y monter.
Le plus extravagant est de constater que les institutions citoyennes obtempèrent et s'installent sur la banquette arrière. Pourtant, tout le monde sait qu'il n'y a pas de moteur. Que la structure ne peut plus se mouvoir.

Dans le garage d'à côté piaffent des écuries qui se taisent aussi. C'est l'époque du mieux taisant et des partis du moindre mal. Comme si le moteur de la voiture, entreposé dans un coin, ne pouvait plus être remonté. Pourtant, à bien regarder alentour, rivets et boulons neufs attendent.

Aujourd'hui, dans cette République du semblant qui assène et culpabilise, se croisent deux vides, porteurs des pires lendemains.

Il n'est pas désobligeant de dire que les syndicats ouvriers, en leur forme, dans cette République moribonde, ne servent plus à rien. Ils le savent mais n'en conviennent pas. La place à laquelle ils viennent d'être mis par la loi d'aout 2008 tourne le dos aux intérêts de ceux pour qui ils étaient faits.

Les partis politiques de cette République télévisée ont, par un mode de suffrage qui est une imposture politique, installé un machine à défaire le débat, à fabriquer du dérisoire, à amener les plus humbles au sacrifice et faire de la spéculation leur maison commune.

Aujourd'hui, les partis politiques et les syndicats ne servent plus à rien. Ils sont les paravents honteux de politiques menées à la hussarde par d'autres forces qu'eux, pour des misères institutionnalisées. Ils sont devenus des spectateurs contrits du pillage des biens publics et de la paupérisation de millions d'entre nous.

Les normes démocratiques vacillent, la parole et les richesses de ce pays ne sont pas réparties, les inégalités deviennent insupportables. S'installent les frustrations.
Tous les « dirigeants » le savent, mais ils ne le disent pas.

Le choc sera rude, qui amènera à changer ensemble les structures de la République avant que la force et le divin s'installent.





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