mardi 13 avril 2010

> dossier retraites: reprendre la main par la grève






Qu'attendent ils? Pourquoi rentrent-ils dans son jeu ? Bien sûr que les syndicats ouvriers sont mis devant le fait accompli ! Un par un et sans perspective d'un véritable débat collectif.
Bien sûr que l'exécutif joue «l'effet coupe du monde» pour faire «passer la pilule». Mais la pilule sera à effet placebo, parce que ce temps d'après Régionales et de basses eaux en popularité ne permet pas autre chose au pouvoir que de temporiser. Sa reprise de souffle a besoin de notre air et de notre attitude patiente et fataliste.

Que va faire Sarkozy ? Ce que les Français voudront bien lui laisser d'initiative, le temps d'organiser le pire. Il va tenter de se refaire une santé dans la partie de poker menteur engagée. Il ne fera, dans ce premier temps, rien d'autre que de s'attacher à gagner une bataille psychologique, faire admettre aux syndicats qu'il convient de repousser l'âge officiel et minimal de la retraite. Simplement, en contrepartie, seront érigés quelques contreforts pour que l'édifice des retraites ne s'effondre pas pendant deux ans.

La posture du Président, c'est de gagner des petites manches pour gagner le gros lot en 2012 ou de laisser le plateau à son voisin en cas d'échec. Les socialistes s'en tordent les doigts, regardent ailleurs, se taisent, tant ils savent que nous savons qu'ils n'ont rien fait avant quand ils étaient aux manettes et que Martine Aubry a dit un jour ce qu'elle pensait.

Aujourd'hui, l'Exécutif «écoute». Il ne dit rien de global sur ses pensées.
Mais semaine après semaine, nous aurons droit à un agencement de communications qui montreront des statistiques sombres, des effets de répétition de mots d'ordres et «d'évidences» qui devront nous amener à l'acceptation contrite et raisonnable de sacrifices au seul motif que nous sommes trop nombreux et trop vivants. Que les anciens travailleurs sont une charge pour la société.

Et jour après jour, la recherche d'alliés institutionnels fera de ce "débat" une cession de maquignonnage. Ils parleront plus dans les couloirs qu'en séance. Car leur religion est faite.
Regardez ce qui se passe à la SNCF aujourd'hui: le pouvoir laisse des lassitudes s'installer, se diviser les partenaires et les usagers. Il pousse l'entreprise à ne rien négocier en lui faisant clamer qu'elle y est prête. Pour ce faire, la Direction de la SNCF ment aux voyageurs sur l'ampleur du problème et ment sur son attitude, dictée par le gouvernement.

Sur le dossier national des retraites, ce sera la même tactique. Le ministre du travail sacrifie à l'écoute, mais il n'a aucune marge sérieuse: Nicolas Sarkozy fera ce que bon lui semble. Il nous refera le coup du Grenelle de l'environnement. Ouvert à rien, fermé à tout, il ne fera rien pour aborder le fond, c'est à dire qu'on ne débattra pas de justice sociale, de l'organisation du travail, de l'âge de fin de travail effectif, du sort des femmes.

Tout le monde sait cela.
Pourtant la main est laissée au chef d'une législature aux abois, qui ne fera qu'une «réforme» partielle et partisane, au pas de charge, l'allongement de la durée du travail en étant le seul dessein, sans rien toucher aux recettes nécessaires aux régimes de retraites. Surtout, il n'en rajoutera pas.
L'avenir est sombre: la masse salariale ayant baissé en 2009, les répercussions sur les recettes sociales sont meurtrières. On voudrait «réformer» les retraites sans examiner la répartition des richesses ?

L'objectif du Président Sarkozy est de «mesuretter» deux ans pour en gagner cinq de plus.
Au final, si ce dessein n'est pas bousculé, nos ronds de jambes citoyens et nos bonnes manières auront fait perdre sept ans aux plus humbles quand il était encore temps de dire non à une système de gestion qui va les paupériser encore plus. Déjà, la perspective de déserts médicaux, la réalité d'une sécurité sociale pliée et des droits du travail démantelés donnent le ton du monde à venir.

Il n'y a pas de choix.
Il s'agit maintenant de ne pas laisser la main au Président qui a décidé de mener au pas de charge une réforme politique qui fermera la porte à tous financements nouveaux pérennes. Notamment celui d'appliquer cette formule simple: faire payer les riches.

Mais alors, qu'attendent les confédérations ouvrières pour proposer ensemble et vite la seule méthode qui force le respect et met au jour les rapports de force: faire dire aux Français ce qu'ils en pensent par une grève interprofessionnelle reconductible ?

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