lundi 5 avril 2010

> Confessions d'un enfant de cœur un jour de pâques



Sont-ce bien des confessions ? Le mal être d'un matin mis en mots, pour le au moins. Le souffle du vent qui fait des vagues à l'âme, au plus. Un printemps qui se moque, des actualités qui rient de nous. Voilà qui n'intéresse que moi, mais du haut de ma falaise, je le jette au chant de mines.


En tout cas, il y a des jours comme ça où l'on se sent tout seul.
Comme tous les matins, j'ai parcouru des infos à dérider les yeux. Je lu d'abord que le pape avait dirigé le 03 avril 2010 en la basilique Saint-Pierre de Rome une veillée pascale qui faisait revivre le passage de la mort à la résurrection du Christ. Ce qui n'est déjà pas une mince affaire.

Quelques mots retinrent mon attention:
"les hommes sont à la recherche" du "remède de l'immortalité", "l'herbe médicinale contre la mort existe", et c'est, a-t-il estimé,
"le Christ (..) arbre de la vie".
"Qu'en serait-il vraiment, si l'on parvenait, peut-être pas à exclure totalement la mort, mais à la repousser indéfiniment, à parvenir à un âge de plusieurs centaines d'années?"s'est-il demandé.
"L'humanité vieillirait dans une proportion extraordinaire, il n'y aurait plus de place pour la jeunesse. La capacité d'innovation s'éteindrait et une vie interminable serait, non pas un paradis, mais plutôt une condamnation", s'est-t-il répondu.
"La véritable herbe médicinale contre la mort devrait être différente. Elle devrait transformer notre vie de l'intérieur"a-t-il affirmé.

Il devait se faire la conversation. Le jeu des questions réponses avec la confortable certitude que personne ne viendrait l'embêter, hormis le Père. C'était malin. Le jeu des mille francs en des lires avant les euros.

Le jeu me plaisait bien, mais soudain je me suis souvenu de ce qu'avait écrit Jacques Attali en 2005:

«Dès qu’il dépasse 60/65 ans, l’homme vit plus longtemps qu’il ne produit et il coûte alors cher à la société ; il est bien préférable que la machine humaine s’arrête brutalement, plutôt qu’elle ne se détériore progressivement. (...)
On pourrait accepter l’idée d’allongement de l’espérance de vie à condition de rendre les vieux solvables et de créer ainsi un marché. (…)
Je crois que dans la logique même du système industriel dans lequel nous nous trouvons, l’allongement de la durée de la vie n’est plus un objectif souhaité par la logique du pouvoir.
L’euthanasie sera un des instruments essentiels de nos sociétés futures dans tous les cas de figure.
Dans une logique socialiste, pour commencer, le problème se pose comme suit: la logique socialiste c’est la liberté, et la liberté fondamentale c’est le suicide; en conséquence, le droit au suicide direct ou indirect est donc une valeur absolue dans ce type de société. (...)
L’euthanasie deviendra un instrument essentiel de gouvernement." Extraits de son livre L’homme nomade , Ed. Le Livre de Poche, 2005.

Vous comprenez pourquoi j'ai eu un coup de blues en comparant les deux textes. En premier lieu, cette peur d'un mauvais geste d'Attali, auto-destructeur, sur un citoyen qui est né en 1943. A ses yeux, il était déjà hors des clous et de la surface de réparation. J'ai vérifié. Il est encore vivant en avril 2010. Ouf !

J'ai commencé à avoir mal à la tête quand j'ai essayé de comprendre: y en avait il un des deux, du pape ou d'Attali qui avait besoin de l'arbre de vie plus que l'autre qui ne connait pas le socialisme ou moins mal ? Est-ce qu'ils en arrivaient aux mêmes conclusions sur le capitalisme et sur l'euthanasie? En définitive, on en ferait quoi des vieux à part l'herbe médicinale et la retraite à soixante ans ? (1)  (2)

Justement, la retraite.

Ce thème est obsédant par les temps qui courent avant le 1er mai.

M'étant déjà demandé ce qu'il adviendrait de la retraite en France, il y allait de ma tranquillité de chercher des réponses, tout seul, puisque le sujet n'intéresse pas grand monde...

Sur le site du PS, je pus lire que Nicolas Sarkozy, en 2007, était pour la retraite à 60 ans, et qu'une vidéo en attestant était visible sur le blog d'Eric Woerth. Mais non, je n'avais pas de chance, Woerth l'avait retiré de son site. Plus rien sur le cache de Google. Comme quoi il est difficile de garder des moments historiques, sous la Vème République.


On en arrive à penser qu'il serait utile qu'une «banque» informatique conserve toutes les informations, sans quoi, plus rien ne sera vérifiable et tout sera manipulé. Rien n'y serait effaçable. Ce serait un service pour l'histoire et à disposition du public. Comme un Wikipédia de l'information. Tout le monde pourrait y déposer ce qu'il a glané; de l'autogestion, un peu, en quelque sorte.


Justement, l'autogestion.
Comme j'avais lu hier sur Médiapart qu'on y traitait d'autogestion, je me souvins - comme d'autres, sûrement - du CERES autogestionnaire de Chevènement des années 1971-73. François Mitterrand à dû bien rigoler.
L'autogestion est un concept sérieux, mais je comprendrais que vous puissiez en sourire en 2010: il y avait au CERES ou à côté... Jean Marie Boeckel, (oui l'actuel sous-ministre à Sarkozy !).

Comme l'ancien «autogestionnaire» Chevènement, membre du «Siècle» a soutenu Ségolène® en 2007, je fis un tour sur le site Désir d'avenir®, cet «un endroit "à l'abri des conflits de pouvoir®". On ne voit d'ailleurs pas pourquoi il y aurait des conflits de pouvoir. Il n'y a qu'au PS que ça existe, non? Or, cette association Loi 1901 au nom de domaine .org, n'est pas une succursale du Parti Socialiste comme d'aucuns se plaisent à le laisser penser.

Comme je suis très moqueur – un peu trop, sûrement, un jour ceci me jouera des tours et me vaudra des inimitiés - j'y vais souvent sur Désir d'Avenir®, pour la rubrique "Et si on en riait®». Je fis encore le détour. On pouvait y adhérer en un clic. Le site est très bien fait.

Pour n'y être pas venu pour rien, je suis allé jeter un œil sur «la Boutique®" dont la devise est «Soutenir les idées de Désirs d'avenir c'est aussi les porter !®". Avec La Boutique® on retrouve bien cet embryon de «fédéralisme autogestionnaire» de Proudhon qui fait cohabiter les deux facettes, parallèles et coopérantes, distinctes mais liées, que sont l'économique et le politique.
La Boutique® contenait des nouveautés «militantes et utiles»® notamment cette "besace verticale «Le Futur c'est Royal®" à 21 euros qui me plaisait bien, grise mais pratique pour faire ses courses au marché ou mettre ses affaires quand on va au cinéma ou à la manif du 1er mai. Ni vu, ni reconnu.

Mais à bien y réfléchir, la raison devait l'emporter: pour seulement 9 euros de plus, j'avais le nouveau badge DA ®, 5 autocollants DA ®, 1 stylo écolo ®, et surtout 2 bracelets silicons ® (sic)
J'adore les bracelets silicons.
Quand j'en porte un, je me sens moins seul ...

Quand je retournai dans le monde tel qu'il est, j'écoutai en direct le "message «urbi et orbi» du pape d'une «église dans la tourmente».
Il était chaudement vêtu.
La météo pas fameuse, comme si de rien n'était. Comme son discours.

Je n'avais plus le moral.
J'allai me réconforter avec deux (ou trois) doigts de vipérine.

Après cet alcool là, parfois, il y a des jours comme ça où l'on se sent moins seul.

 ---- 
(1) sur "la  dignité", un texte de Liliane B sur Médiapart, en août 2008
(2) sur "la vieillesse" un texte d'Anne Gentry sur Médiapart, en février 2010

---- 

photo d'en tête: AFP/TIZIANA FABI




0 commentaires:

Enregistrer un commentaire