samedi 10 avril 2010

> Apéro géant à l'Institut



«Notre cible, c'est M.Tout-le-Monde, j'aimerais que l'on discute de la croissance et de l'économie de marché aux comptoirs des cafés!». C'est probablement à partir de cette idée simple et bon enfant, voir festive, émise par Christian Poyau (Pdg de Micropole Univers)que l'Apéro géant est organisé dans le périmètre de l'Institut de France par sa nouvelle, la « Fondation Croissance responsable».



Cette Fondation a pour «but de devenir le forum de référence pour construire le cadre d’une économie plus durable et responsable en engageant la participation de représentants des grandes entreprises, syndicats, petites et moyennes entreprises, organisations non gouvernementales ainsi que celles d’universitaires et d’intellectuels...réfléchir, de manière apolitique, à l'évolution du modèle économique actuel».
Plus consensuel, tu meurs. Mais surtout, retenez la condition: "de façon apolitique". Sans quoi les mots n'auraient plus de sens.

Le thème général est résumé par le Figaro, qui ne saurait se tromper sur le nouveau think tank: «UNE FONDATION AU SECOURS DU CAPITALISME».
Une fondation apolitique qui réfléchira donc lors d'un Apéro géant sur le capitalisme apolitique. Les mots justes sont en marche. Leur objectif à tous : placer l'entreprise au cœur des débats, à l'heure où le capitalisme donne le sentiment d'être parti dans le décor avec la crise«Nous voulons réconcilier les Français avec l'économie de marché».
La perspective est ambitieuse.

Il a beau avoir été crée en 1795, l'Institut est dans le vent. Facebook est passé par là. Ce sera la première fois que l'Institut organise et reçoit un Apéro géant. Il faut rassurer tout de suite: l'Institut, se proclamant «Le Parlement des Savants» (avec majuscules en majesté), les participants ne seront pas n'importe qui.

L'idée de l'Apéro géant sur ce thème et dans ce lieu montre que les lignes bougent, et que le retour aux « fondamentaux » autorise quand même la modernité. Les organisateurs donnent le thème général, mais chacun peut y venir avec ses arrières pensées. On se réunit pour passer un bon moment.

L'Apéro géant est devenu un phénomène de société, l'affaire de citoyens modernes, transcendant de plus en plus les générations, qui, devenues facebookeuses, empruntent la brouette du social branché pour faire des emplettes aux marchés des rêves éveillés (ou des cauchemars endormis, c'est selon). C'est une mode, une tendance.

On ne sait pas si l'organisateur a été convoqué par la police, parce qu'il serait le premier responsable en cas de débordements et de dégâts matériels. Il y en a toujours un qui peu parler capitalisme trop fort ou un autre casser le marbre des statues grecques au moment où la Grèce, justement, boit le bouillon sans que DSK s'émeuve. «Il existe une jurisprudence claire qui n'a pas bougé depuis 1954. L'organisateur est celui qui a distribué des convocations ». En tout cas, la préfecture de Paris, qui est bien dans ses meubles et pas en Lozère, n'a pas interdit.

Le Medef a pensé un moment encadrer les pratiques: ce genre de réunion pourrait être piégeux au moment où se prépare la succession de Laurence Parisot. D'ailleurs, remarquez que Geoffroy Roux de Bézieux sera là, expliquant qu'au Medef, «il y a eu des bonnes choses: «la décontraction des relations avec les partenaires sociaux ou la création de la rupture conventionnelle... C'est au patronat de proposer une vision du rôle de la société civile et des partenaires sociaux, et démontrer que nous pouvons être un contre-pouvoir.».
Un contre pouvoir, le Medef ? On le savait déjà, sans participer à l'Apéro géant !
«J'ai décidé de ne pas être candidat» a t'il ajouté. On l'a échappé belle.

Dans cet énorme vivier de fêtards, tout le monde sera bien, y apportant à boire et à manger. Le capitalisme s'y prête.
Ici naîtront de nouvelles façons de vivre l'argent, de nouveaux liens sociaux. Le brassage des hommes pour brasser plus de fric.
Il n'y aura pas de risques de trouble à l'ordre publique, puisque attendre une remise en cause du capitalisme ici reviendrait à chercher des radis noirs sur le Mont Chauve.
Il n'y aura pas de débordements, par exemple sur la retraite puisque Martine n'est pas invitée.

Se pose, bien entendu, le problème de la boisson.
Mais interdire la consommation d'alcool aux vrais tenants du capitalisme relèverait du casus belli, d'autant que, "interrogés, les syndicats ouvriers indiquent «subir», qu'ils «ne peuvent ignorer» le phénomène. Sous contrôle de Thibault et Chérèque, on pourra dormir tranquilles.

Il faut s'y faire: une heure après le début de la sauterie organisée, la plupart des participants seront alcoolisés, mais, près du pont des Arts, l'ambiance restera bon enfant. Les apéronautes de la Coupole seront contents. Certains rentreront plus tôt par crainte d’une ambiance de fin de soirée qui dégénèrerait, pour finir au Fouquet's.

En matière de sécurité sanitaire, pour faire face aux difficultés éventuelles, secouristes, ambulance, et un poste de dégrisement seront mobilisés. Les gardes de corps et la voiture de fonction retirés à Rachida Dati stationneront à proximité pour le cas où un pdg devrait se rendre à la Bourse en cas de mauvaise chute du CAC 40.

On ne dit pas si les organisateurs ont demandé à ce que chacun amène ses sacs poubelles pour éviter d'engager trop frais de nettoyage. Je ne sais pas trop si des gobelets plastique pour le champagne et le Chassagne-Montrachet à décapiter seraient les bienvenus.

Pour plus d'informations, il faut passer par «l'accueil du bureau de presse» mais la consultation est «exclusivement réservée aux journalistes». Voyez donc certains journalistes de Médiapart qui auraient, par accointances «obtenu leurs codes d'accès».
A consommer avec modération.
Le capitalisme peut vous jouer des tours.



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