samedi 6 mars 2010

> Paris-Montévidéo: Sarkozy vs Mujica

Drôle de de paroissien ce Pepe Mujica, uruguayen de nationalité.
Il a de drôles de manières. Il va nous dézinguer toute la mystique des postures présidentielles, celui-là, avec, ses frasques.
Bien sûr, prisonnier de la dictature de son pays pendant 13 ans, l’ancien Tupamaro en garde du ressentiment.
Il est devenu président de l’Uruguay le 1er mars 2010, mais ce n’est pas une raison pour venir accumuler ce faisceau d’indices qui vont énerver notre Président de la République Française, qui voit s’accumuler des nuages dans le ciel de ses ors.
 
Le 6 mars 2010, après qu’il ait lu que le dernier sondage le mettait au plus bas depuis son élection, le Président Sarkozy était allé caresser de force des vaches au salon de l’agriculture 2010. Vous ne voyez pas le rapport avec l’Uruguay ? J’y viens.

Le Président de la République Française n’était pas de bonne humeur, rasant les stands la gueule en biais. Ses coachs avaient pensé que lui présenter Vaillant, robuste taureau de 1.210 kilos de race gasconne, un chaud lapin qui n’arrêtait pas de lorgner des charolaises sexy, allait le dérider.
Mais ce fut l‘inverse. « Casse-toi de là pov gascon » avait  pensé lui faire dire Henri Gueno, qui lui avait glissé un post-it dans une poche. Tétanisé par la grandeur de l‘animal et la hauteur de ses sabots, il s’est retenu. Des sifflets et des applaudissements. On ne savait pas qui couvrait qui.
Il s‘ennuyait, Nicolas Sarkozy, humilié du succès que Jacques Chirac avait remporté la veille. Étrange salon, où les bêtes ont des races et où l’on rencontre plus d’hommes politiques et de membres du gouvernement en quête d’identité que de bottes de foin.
Ne me demandez pas d’où je tiens l’information, mais nous sommes à deux doigts de l’incident diplomatique entre France et Uruguay. Bernard Kouchner serait sur le point de rappeler l’ambassadeur français en Uruguay pour une période de trois jours à cause de décisions «franchement inamicales et incompréhensibles». L’affaire est grave.
Il faut savoir raison garder: l’Uruguay n’est pas l’Amérique. La France non plus. Mais si petit soit-il (c’est un « pays-ville») avec ses 4 millions d’habitants (90% dans les villes), et ses moins de deux cents mille mètres carrés de superficie, l'Uruguay peut montrer quelques réalités fortes.
Ainsi, c’est un pays où les gauches sont un facteur de stabilité du pays. Imaginez cinq secondes -raisonnons par l'absurde - qu'ici le PS, les Ecolos, le Front de gauche et le NPA s'entendent ! C'est suffisamment original pour que cela inquiète notre stratège président qui ne fonde sa politique que sur l’inverse.
Deuxième alerte pour le Président: comme on lui a soufflé à l’oreille que l’Uruguay était  un paradis fiscal dans les années 60, « la Suisse des Amériques », il croit que cela perdure, et que si bon nombre de ses amis l‘apprennent, ils pourraient s’expatrier aussitôt, avec les conséquences immédiates:  plus personne dans ses meeting.
Ensuite, l’Uruguay est un pays à vaches. Ce détail n’a pas d’importance en soi pour Nicolas Sarkozy dans la mesure où il ne fait pas grand cas des agriculteurs français, mais sur le plan du commerce extérieur, la balance de la France n’est pas très stable et connaît des ratés à l‘allumage. Le président vénézuélien Chavez ne vient-il pas de  proposer à l'Uruguay un accord commercial qui consisterait pour l'Uruguay de payer une grande partie de ses importations de pétrole avec des vaches?
Cette concurrence là assombrit Sarkozy, à qui on a dit que la France est le 13eme fournisseur commercial du Venezuela et qui a appris que la société pétrolière française Total « investira environ 25 milliards de dollars (16,9 milliards d'euros) pour exploiter, conjointement avec Petroleos de Venezuela (PDVSA), le bloc pétrolifère Junin-10 dans le bassin de l'Orénoque ».
Ce qui l’agace encore, c’est que l’idée de  troc par « coopération décentralisée », échange de pétrole contre des marchandises ou des services, (lancée par l’élu communiste de Creil Jean Paul Legrand) ne vienne pas de son génie présidentiel ou de celui de son secrétaire d’Etat au commerce Hervé Novelli.
Ce qui l’énerve le plus, notre Président, c’est de constater les mauvaises manière de son homologue uruguayen, l'ex-guérillero José « Pépé » Mujica, 74 ans, qui a pris ses fonctions de président le 1er mars 2010.
En effet, dans son discours d'investiture, Pépé Mujica a notamment insisté sur l'importance d'améliorer l'éducation. "Les gouvernants devraient être obligés de noircir tous les matins des pages en écrivant : ’Je dois m'occuper de l'éducation' ", a déclaré Mujica. Ce qui, pour Sarkozy, est insoutenable, à l’heure où il a décidé d’une coupe sombre de 16000 postes en 2010  dans l’Éducation nationale.
Ce deuxième président de gauche de l'histoire de l'Uruguay, qui vient, - vêtu d’un costume, mais sans cravate - d’être investi pour un mandat de cinq ans, n’en est pas à sa première lubie: un jour, avant l’investiture, il avait « réuni ses futurs ministres, des anciens guérilleros tupamaros et des membres du Frente Amplio au pouvoir, dans une fermette voisine de la sienne à la périphérie de Montevideo". Pas au Fouquets, non. Même « Etre naturiste.com » l’a signalé, c’est vous dire !
Il est drôle ce nouveau Président. Il va nous en faire de biens bonnes. A peine élu, il nous aura vite habitué à ses frasques.
Dèjà  il avait annoncé qu'il allait "...reverser 87 % de ses 250 000 pesos mensuels (9 400 euros) de son salaire de chef d'État à des organismes d'aide au logement social ". Ne soyez pas surpris, ceci se passe en Uruguay, pas en France. Ici, nous respectons les  symboles: notre Président, ancien avocat d'affaires, s'est augmenté de 170%…
«Pour Mujica, la carrière politique ne doit pas être un moyen de se servir des ressources de l'État, mais de rendre service au citoyen», affirme son secrétaire, Julio Martinez, qui doit boire aussi. Ils sont nés où, ceux là, qui vont finir par nous faire douter de nous, de nos mœurs occidentales ?
Il n’y a pas que le nouveau président uruguayen qui a lutté « pour un monde plus juste » ! Le nôtre, il a fait quoi? De la dentelle de Cholet ?
Sarkozy aussi a eu aussi une jeunesse difficile puis de guérillero à partir de ses
28 ans qui virent la prise de la ville de Neuilly sur Seine, le couteau de Pasqua entre les dents.
Pépé ne veut pas changer sa « Chevrolet corsa » pour une voiture de fonction? C’est son problème. Le Président Sarkozy n’y renonce pas, lui. Uniquement pour aider l’industrie automobile française à garder son rang.
Les anciens adversaires de campagne électorale à Pépé voulaient le salir en prétendant qu’il aimait les montres et les stylos plume Mont Blanc…

Sa dernière ? Il s’est présenté seul dans un bar, le 5 mars pour y déjeuner. Sans escorte.
Étonnez-vous que cet énergumène, qui est capable de parler plus de six minutes sans un texte de Henri Guaino, agace Nicolas Sarkozy.
 
Discurso de Pepe Mujica Presidente electo del Uruguay (2009)

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