mardi 23 mars 2010

> merde à vauban



La démocratie est malade, les bureaux de vote ne connaissent plus ces processions républicaines qui témoignaient d'une grande vitalité civique. Ces églises, comme les autres, se vident parce que s'est délité le sens du bien commun et celui du partage.

Si les pèlerins des listes de la «gauche unie» croient que les citoyens ont voté contre Sarkozy pour qu'ils arrivent en alternance tels qu'ils sont, ils se trompent lourdement. Les électeurs ont fendu une pierre avec le seul outil mis à leur disposition dans la boite à pharmacie: des élections à effet placebo.

Penser que les élus croient qu'ils ont gagné un concours de beauté serait d'ailleurs leur faire injure. En tout premier lieu, - et ce n'est pas la moindre des conséquences du vote des régionales - le parti socialiste  va devoir enlever son masque, adopter une ligne, la proposer aux français, et si ces derniers lui trouvent des  couleurs, promettre qu’il s’y tiendrait, hors perspective grand guignolesque d'un 1983 qui se ferait en 2013 comme un scénario sans fin. Trente ans plus tard, on s'en souviendra encore.

Rangées les urnes des régionales, le temps va vite arriver où il faudra que ces politiques là s'expliquent simplement, qu'ils disent avant les votes, ce qui selon eux est du domaine du possible et ce qui ne l'est pas. Pour résumer, ils devront être courageux, ce qui sera moins vulgaire et plus productif que d'intégrer les manifestations syndicales en rangs serrés pour faire peuple ou investir pour faire des voix.
Lassés mais attentifs, les français à la peine veulent qu'on leur parle sans fard: oui ou non ceux qui prétendent les représenter pensent-ils que des chemins existent hors ceux qu'emprunte Nicolas Sarkozy, qui ne seraient pas de simples aménagements du système qui les oppresse? De quels outils compteraient ils se servir pour faire du neuf ?


Le vote de dimanche dernier sonne la fin d'une partie: les poses endimanchées devant les caméras, les gesticulations millimétrées dans l'axe, les rides effacées, ne suffisent plus à calmer le bon peuple, qui sait entendre, lire et écrire.
Ce n'est pas une crise politique que nous vivons: c'est une crise sociale qui cassera du politique. Le résultat des régionales, est d'abord celui de la crise du social qui est relégué à l'accessoire, les moyens de subsistance des citoyens réduits aux acquêts dans un couple où tout appartient à l'autre qui a tout confisqué.

Les signes d'agacements élyséens ne se traduiront que par des changements de seconds couteaux à la cuisine, pour une tambouille restée la même.

Chassés, il y aura quoi à la place? Des républicains centripètes ? Les prétendants au trône devront bien se souvenir que le temps des «fronts républicains» leur a déjà taillé des têtes. Afin de survivre, le système pourrait essayer d'y recourir, pour une fois encore, sauver son essentiel en nous faisant perdre le nôtre.

Le Président de la République de ce qui en reste, ne va se chiraquiser qu'en fin d'année quand les retraites auront été cassées et le code du travail à nouveau charcuté. Eric Woerth a changé d'abattoir pour cela. Étonnamment, Nicolas le Candidat du Pouvoir d'Achat reste sourd aux conseils de son obligé du FMI Dominique qui lui recommande de la souplesse salariale pour relancer la consommation. Ils vivent un drame, ces deux là: ils divergent un peu sur le comment faire pour maquiller les chiffres des profits de "crise" et les intérêts distribués aux actionnaires au détriment des salaires !

Comme dirait Jacques Julliard, commentateur du réel qui, né en 1933, n'a pas de cheveux blancs, il faut trouver le «commis voyageur» qui incarnerait l'avenir. Mais il n'indique pas, à l'ombre de Péguy, Bernanos ou Claudel dégoupillés, que nous ne serions pas les pigeons. De bons apôtres de la gauche, anciens de la deuxième, nous cherchent des crosses et avancent masqués, une capote sur la tête pour préserver le vieux.

Le New Deal de la foi en l'avenir serait que du neuf naisse. A commencer - enlevant d'un coup sec cette bipolarisation outrancière et poreuse qui leur tient lieu de préservatif, au PS et à l'UMP - par une promesse sur le retour à la proportionnelle pour la chambre des députés. A partir de là, les français ne seraient plus piégés dans les nasses électorales, réduits à devoir se rabattre sur le moins mal disant ou le plus fort en gueule. Il veulent le partage en tout.
Ceux qui croient, à la lumière du 21 mars 2010, pouvoir investir l'exécutif en 2012 sur simple bonne figure ont  un cruel travail devant eux. La chirurgie esthétique ou les retouches de portrait sur Photoshop ne suffiront pas.

Ce n'est pas la droite qui a perdu ni la gauche qui a gagné: il a été rappelé aussi que huit millions de français vivent sous le seuil de pauvreté, et cinq millions sont au chômage.

Aujourd'hui, des français mangent difficilement du pain, sans autre perspective que de voir passer les nuages dans un «temps qui s'allonge». Emmurés vivants en un temps sans saveurs dans un pays citadelle à regarder les autres vivre,  ils auront dit aussi "MERDE A VAUBAN ".

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