jeudi 25 mars 2010

> Le code du travail, Zemmour, Mougeotte





C'est la Justice de demain. Celle de l’intimidation et du fait du Prince. C'était donc bien au grand guignol et à la mise en scène que se livrait l’employeur «Le Figaro». 

De la manœuvre et de l'instrumentalisation.

Etienne Mougeotte, Père Fouettard du Figaro, ancien de TF1 où l'on veille  au "temps de cerveau disponible" des ménagères, se ridiculise, avec ses états d'âme à retardement et sa procédure disciplinaire médiatisée. Un pas en avant pour dire qu'il ne "mange pas de ce pain là" et un pas en arrière pour en croquer. L'affaire n'était donc pas grave du tout, pour le Figaro ! C'était pour rire. 

L'épisode montre aux yeux de tous que ses agitations médiatiques contre son salarié Zemmour n'avaient pour seul but que d'amuser la galerie et de se poser en parangon de vertu.

Ce matin 25 mars, l'AFP informe: « Paris (AFP) -25.03.2010.7h40 :  Le Figaro a annulé la convocation d'Eric Zemmour, préalable à un licenciement, à la suite des regrets exprimés par l'éditorialiste pour ses propos controversés sur les trafiquants, a annoncé jeudi le quotidien... Le Figaro a annulé la convocation d'Eric Zemmour, préalable à un licenciement, à la suite des regrets exprimés... Nous prenons acte que vous n'avez jamais eu l'intention de stigmatiser certains de nos compatriotes (...) Du fait de ces mises au point, nous n'avons donc plus de raison de vous convoquer pour un entretien. Notre réunion du lundi 29 mars est donc annulée", ajoute la lettre qui est notamment signée d'Etienne Mougeotte, le directeur des publications du Figaro. »  Du vaudeville.

Voici le texte que j'avais posté cette nuit. Sans n'y rien avoir changé. Très doucement, il y était montré que la manœuvre de l'employeur était outrancière, et que le chemin pris est bien dans l'air du temps.
Mais dans l'air du temps flotte une odeur de vomi: nous en arrivons à une justice expéditive, négociée, et sans règles. Le fort,  plus fort et protégé, et le faible  plus faible, fragilisé plus encore. La réforme de la Justice à venir est sur cette voie là qui conduit aux pires excès de pouvoir, dans l'entreprise comme ailleurs.

-----  texte intitial en intégralité et sans retouche:
Quand Eric Zemmour déclare en 2006 que «le pouvoir n’est plus dans la presse écrite. L’argent non plus. Quand je vais à la télé, je vais aux putes, et j’assume...Et en plus ça fait vendre mes livres! », il doit savoir où il va, puisqu'il le dit.
Quand, le 6 mars 2010, lors de l'émission "Salut les terriens", présentée par Thierry Ardisson le chroniqueur Zemmour assure que "Les Français issus de l'immigration sont plus contrôlés que les autres parce que la plupart des trafiquants sont noirs et arabes... C'est un fait», il prend ses responsabilités de citoyen, qui vont de la critique à d'éventuelles répercussions lourdes.
Mon propos n'est pas de revenir sur les siens, qui ont été commentés largement sur le fond et la forme depuis plus de 15 jours. Simplement vais-je attirer votre attention sur ce qui se passe du côté de son employeur « Le Figaro » où il est journaliste depuis 1996.
Voilà un employeur qui, comme tout le monde en un temps où les informations vont vite, aura pris connaissance de propos tenus hors l'enceinte et le moment de travail de son salarié. Cet employeur n'y trouvera rien à redire de longs jours. Pas de mise à pied conservatoire du salarié qui aurait montré qu'un éloignement de l'entreprise était nécessaire.
Soudain, nous apprenons dans le Monde, le 23 mars 2010, «que Éric Zemmour pourrait être licencié du "Figaro ...il devrait être reçu par M. Mougeotte directeur de la rédaction et par Francis Morel, le directeur général du Figaro. » Etienne Mougeotte de préciser: «Nous allons entendre Eric Zemmour lundi, nous prendrons une décision après !". Selon le directeur des rédactions, "ce n'est pas la ligne du Figaro que de tenir des propos racistes".
Le 24 mars à 19h22, le Monde.fr titre: «Le Figaro ne devrait pas licencier Eric Zemmour». On peut y lire que « … interrogé à nouveau mercredi 24 mars par Le Monde, M. Mougeotte, des États-Unis, où il se trouve en voyage d'étude, a répondu qu'Eric Zemmour ne devrait pas être licencié. Si M. Mougeotte a choisi d'entendre le journaliste dans le cadre d'un entretien préalable au licenciement, c'est uniquement pour "donner un caractère solennel" à cette entrevue, a-t-il précisé au Monde.
Dans Le Point.fr le 24 mars à 20h32: « Le Figaro recule, Zemmour ne sera pas licencié » et le journaliste de rajouter: « Finalement, Mougeotte a pris sa décision avant... »
0ui, il est bien là le problème que j'aborde.
Voilà donc un employeur (Le Figaro) qui convoque un salarié (Eric Zemmour) à un entretien préalable au licenciement. C'est une procédure bien encadrée, qui obéit à des règles précises. Lors de cet entretien, l'employeur Le Figaro va devoir indiquer au salarié le ou les motifs de la décision de licenciement envisagée qui auraient un rapport direct avec l'exercice de son contrat de travail et recueillir les explications de ce dernier.
Aujourd'hui, que voit-on ? Une procédure judiciaire déclenchée est publiquement (on remarquera que la période électorale a été épargnée...) bafouée, instrumentalisée par un employeur, qui dit à l'avance avant que l'entretien ne se soit tenu, que la procédure n'a été enclenchée que pour faire du « solennel ». Du vent. Du cinéma.
La posture du Figaro à travers ce petit exemple de droit civil incivil est tout simplement exemplaire du mauvais traitement qu'on veut faire subir à la Justice dans ce pays. Ici, c'est le Code du Travail qui est foulé au pied. Comme rien ne distingue le droit d'un salarié de celui d'un autre, on a une idée très précise de la dérive institutionnelle. Imaginez ce que peuvent vivre les salariés plus modestes !
Très tranquillement et publiquement, l'employeur Le Figaro admet qu'il  convoque son salarié uniquement pour l'esbroufe. Pour intimider ? Humilier? Pour obéir à une injonction venue d'ailleurs ? Amuser la galerie?
Seulement voilà: Le Figaro, qui a enclenché cette procédure vient de la vider de sa substance! Il est en pleine illégalité! Il ne pouvait rendre sa décision finale qu'après un délai de réflexion légale prévu. Nous ne sommes plus devant un acte de droit mais dans la bouffonnerie: la décision est déjà arrêtée, et l'habillage n'est qu'un épisode d'Au Théâtre ce soir. Mougeotte exporte les jeux du cirque de TF1 au Figaro. Au point que la logique média en arrive à une « pétition contre le licenciement d'Eric Zemmour »!
Le bouffon de l'affaire réside que sur le fond, si les griefs mis en avant sont ceux du 6 mars, les propos n'ont pas été tenus sur le lieu de travail Le Figaro...Et qu'ainsi, l'affaire reviendrait à montrer que l'employeur sanctionne les idées citoyennes de son salarié... qu'il n'aurait pas jugées préalablement «graves», dès lors que la procédure n'a pas inclus de connotation de gravité dans les propos !
J'ai vainement cherché des réactions des syndicats de journalistes. Et qu'à fait la Direction du Travail du département ?
Le polémiste Zemmour, «anti-droit-de-l'hommiste», «bonapartiste» est pris dans une nasse. A trop forcer l'entrée, il se retrouve dedans et pleurera pour en  sortir. Yeux baissés, il participe, en acteur, à la lente dérive des institutions.
Si j'avais un conseil à lui donner – mais il ne me demande rien – je lui dirais de rester dans la logique de l'employeur, … en ne se rendant pas à l'entretien préalable au licenciement auquel il est convié. Ce serait un joli coup. Sauf à vouloir absolument, après être passé devant les caméras présentes, lécher les pompes à Monsieur Mougeotte, metteur en scène de 70 ans d'âge qui ferait mieux de profiter d'une retraite bien méritée.
Tu vois où ça mène, Zemmour, d’«aller aux putes» ? Tes propos chez Ardisson, c'est une drôle d'histoire.
T'as pas négocié une indemnité pour partir? Ça va venir ? Attention, ce serait illégal de le faire pendant la procédure : il faudra dire à Mougeotte que tout le Code du Travail n'a pas encore été déglingué par son pote.

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